Apocalypse Now

« The horror. The horror ! » Plusieurs années après le cataclysme, dans un paysage de désolation, l’homme et son fils se mettent en route vers le sud. La mère n’est plus. Le monde n’est plus. L’humanité n’est presque plus. La ruine et la mort entourent les deux voyageurs, les prédateurs rôdent.

Ils continuent ce parcours vers un inconnu que le fils doit voir meilleur. Un avenir auprès des « good guys ». Des civilisés. De ceux qui ni ne volent ni ne tuent. Ils portent la flamme, le feu, la morale, la promesse d’une bonne vie. Il est difficile d’y croire. Le père fait semblant de se le cacher, et pourtant, l’indicible est perceptible.

Toutes leurs possessions sont amassées dans un chariot, dont le rétroviseur est l’accessoire principal, l’outil indispensable afin de ne pas se faire surprendre par derrière, de garder un œil sur un passé que l’on n’ose imaginer tant il doit être pire que cet épouvantable présent. Ils doivent sans cesse se cacher, se dissimuler, éviter les autres hommes pour se protéger de ces bandes qui chassent pour se nourrir de chair humaine, la seule qu’il est encore relativement facile de se procurer.

Pour l’homme et l’enfant, chercher de quoi survivre est la préoccupation quotidienne, et la chose la plus difficile à faire. Il faut rentrer dans les villes, dans les maisons. Il faut risquer de tomber sur d’autres hommes, ou sur des cadavres. Chercher, toujours chercher. Trouver si peu. Les périodes d’abondances, les nuits dans des couvertures sèches, le ventre rempli, sont rares, entourés de longues semaines de faim et de froid.

Les morts ont plus de chance, et pourtant ils luttent pour vivre. Le paradoxe humain. La force malgré l’épouvantable. Mais l’inéluctable est toujours là. Dieu est présent. Dieu est absent. On ne sait pas bien.

« The Road » fait mal. Un roman noir de chez noir, une œuvre puissante, dure, révoltante. Une chose hallucinante qui laisse une marque profonde. Qui donne à notre regard cet air hagard de rescapé. Les derniers mots de Kurtz pourraient être ceux de tous les fantômes, les ombres d’humains qui traversent ces pages.

Cet homme de 73 ans est le seul qui puisse regarder Thomas Pynchon droit dans les yeux sans s’avouer vaincu. Avec « The Road », ce styliste hors pair fournit une œuvre concise, une essence, un concentré de son talent. Le meilleur livre de 2006 ? Le plus bouleversant. Cormac McCarthy.

Cormac McCarthy, The Road, Knopf, $24.00

 

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