Sous le sapin

Peter Handke - "L'absence"
Arno Schmidt - "Cosmas ou la montagne du nord"
Thomas Bernhard - "Le naufragé" et "Gel"
Robert Walser - "Les enfants Tanner" et "L'institut Benjamenta"
Enrique Vila-Matas - "La asesina ilustrada", "Suicidos ejemplares" et "Extraña forma de vida"
Mario Vargas LLosa - "Historia secreta de una novela"
Sergio Pitol - "Trilogia de la memoria"
Alan Pauls - "Historia del llanto"

Et chez vous?

Bonne année à tous, nous nous reverrons le 14 à part, peut-être, pour une petite note de passage.

Mes excuse pour les mails sans réponses, ça viendra bientôt.

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Dernière saison


Julien Gracq, 27 juillet 1910 - 22 décembre 2007.

Au risque de transformer ce blog en rubrique nécrologique. Que ça s'arrête.

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Au revoir


Une page se tourne: Christian Bourgois est mort ce matin. Merci pour tout.


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Un jour d'hiver, douze mois dans le dos

Décembre, fin d'une année calendrier de lecture. En jetant un oeil sur la liste des livres lus sur les douze derniers mois, une première impression: globalement peu séduit par les publications 2007. Peut-être faut-il y voir le contrecoup de 2006 qui avait vu se bousculer Danielewski, Powers, McCarthy, Bolaño et Pynchon? Et puis, il y a encore beaucoup de titres publiés cette année à lire en 2008 - et non des moindres (Vila-Matas, Verhaegen, Theroux, Bolaño, Erickson, Tom McCarthy, Coetzee, McCourt...). Ce qui suit est donc un exercice plutôt vain non pas de meilleurs livres de l'année, mais bien de "most notable" lectures en 2007.

Made in 2007, Read in 2007:
Giosuè Calaciura, Malacarne
Reinhard Jirgl, Les inachevés
David Markson, Arrêter d'écrire
Jim Shepard
, Like you'd understand, anyway
Sergio Pitol, Nocturne de Boukhara
Sergi Pàmies, Si te comes un limón sin hacer muecas
Thomas Bernhard, Récits 1971-1982
Denis Johnson, Tree of smoke
(Si on me forçait à en choisir un seul, je prendrais sans doute le livre de Jirgl. Pour ceux qui attendent toujours un papier sur "Tree of Smoke", je ne sais ni quand ni s'il viendra: je ne suis pas encore certain de mes sentiments à son égard. Et il faudrait aussi inclure, bien sûr, la traduction du "Tunnel" de Gass)

Made in 2006, Read in 2007:
William H. Gass, A temple of texts
Enrique Vila-Matas, Docteur Pasavento
Shelley Jackson, Half Life

Blast from the past:
Danilo Kis, Un tombeau pour Boris Davidovitch
W.G. Sebald, Les anneaux de Saturne
Roberto Bolaño, Nocturno de Chile
William T. Vollmann, La famille royale
Robert Coover, Le bûcher de Times Square
Arno Schmidt
, Vaches en demi-deuil
William Gaddis, A frolic of his own
Mario Vargas Llosa, La maison verte
Franco Moretti, Graphs maps trees, abstract models for literary history

Relectures (aussi) sensationelles (que la première fois):
Thomas Pynchon, V.
William T. Vollmann
, Central Europe

D'ici à quelques jours, sans doute un petit quelque chose sur 2008, mais avec les fêtes et deux semaines de vacances (Madrid - Cordoue - Madrid), je risque de me faire rare jusqu'au 14 janvier.

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L'homme qui a vu l'Ourse

Arcas, homme du paléolithique, découvre ses onze compagnons disparus. Il est seul dans une grotte, avec très peu de provisions. Dehors, un froid polaire. Sans nourriture, il est forcé à sortir et à chercher, sans espoir, de quoi survivre sur l’énorme étendue de glace. L’inanition et les conditions climatiques l’emmènent toujours un peu plus près de la fin. Et puis il se retrouve face à face avec une gigantesque ourse. Alors que finalement seule la mort pourrait le sortir de son calvaire, il y réchappe et poursuit l’animale, persuadé qu’elle le mènera aussi bien à son clan défait qu’à une salvation dont il ne connaît pas encore bien les termes.

Mâchefer est un des gardiens de la Galerie d’anatomie comparée du Jardin des Plantes. Il rentre tous les soirs dans son demi-pavillon de banlieue, où il écoute sa vieille voisine et s’affame méthodiquement. Plusieurs fois par semaine, Mia lui rend visite. Le frêle Mâchefer s’accouple alors avec cette énorme créature dans une orgie sexuello-alimentaire. De cette union naîtra un fils monstrueux.

Etrange livre aux puissantes résonances symboliques, cette « Grande Ourse » se lit les deux parties en vis-à-vis. Les relations / oppositions entre Arcas et Mâchefer sont nombreuses. L’un dispose de nourriture mais cherche à s’affamer, l’autre n’a rien à se mettre sous la dent et ne pense qu’à un garde-manger. L’un est seul et sort de la caverne à la recherche du groupe, l’autre vit en société et cherche à s’en isoler en s’enfonçant dans sa cave. L’un erre au milieu d’un nature morte et gelée, l’autre est entouré de plantes que rien ne détruit. Et puis il y a aussi toute une série de correspondances directes, dont la moindre n’est pas la relation Arcas – ourse d’une part et Mâchefer - Mia d’autre part. Le désir de manger de l’homme du paléolithique le conduit à suivre l’animale, qu’il trouve et avec laquelle il s’accouple. L’homme moderne, dégoûté par la nourriture, se sert d’aliments plus que de son sexe pour faire son affaire à la femme qui le visite.

Récit psychologique puisant sa force dans l’exploitation de craintes ancestrales afin de faire ressortir quelques caractéristiques de notre temps, « Grande Ourse » offre aux lecteurs un champ d’interprétation extrêmement étendu, se déployant selon la sensibilité de chacun. Je reste assez perplexe devant certaines des pistes que j’identifie à titre personnel, mais je suis séduit par la prose de Romain Verger dont se dégage un art du contrepoint assez fascinant. L’élégance de ces phrases décrivant, somme toutes, des pratiques monstrueuses ou bestiales est une source permanente d’émerveillement. Comme si tout ce qui nous restait de civilisation devait être l’écriture.

Romain Verger, Grande Ourse, Quidam éditeur, 12€

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Mon frère


Rien de plus classique: avec mon frère, je me suis souvent disputé. A l'adolescence, la communication s'est petit à petit orientée vers une sorte d'occlusion presque totale. A ce jour, je ressens chez moi un certain malaise lorsque nous nous voyons. Etrange. Je l'aime pourtant énormément.

Fatigué de parler de livres de gens qu'il ne connait pas, Fausto a décidé de se tourner vers son petit frère. Incapable de parler correctement de son travail, il a décidé de vous le donner à voir. L'an prochain, les éditions Cinquième couche (certains d'entre vous connaissent peut-être le revue Ecritures dont ils ont édités le dernier numéro) sortiront sa quinzième, seizième ou dix-septième - je ne sais plus- publication.




"Ceux qui ont feuilleté le Carnet de Benjamin Monti ne peuvent pas l'oublier. C'est un de ces carnets de compte rempli d'écritures et de dessins serrés, frénétiquement, compulsivement, comme on en a tant vu. Il a pourtant quelque chose d'étrangement cohérent, de singulier, d'inimitable. C'était impubliable. Le carnet a pourtant trouvé un éditeur : Terre Noire, à Lyon.

Benjamin Monti ne se soucie pas des genres ou des segments. Il fait ce qu'il doit et si ses pas doivent le mener à chanter dans la steppe, c'est là qu'on le trouvera. Monti investit les espaces laissés vides entre les champs, quand la simple nécessité de sa démarche l'impose. Il écrit, il dessine, pour l'heure, et il n'est pas aisé de faire la différence.

(...)

Sa démarche effraye le microcosme de la bd. On place donc cet auteur parmi les artistes contemporains. Où d'autre placer un véritable auteur ?"

http://www.5c.be/catalogue.php?author=35&

Une interview pour poursuivre, si vous le souhaitez.

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Trouvaille?

Qui n'a pas déjà trouvé ou entendu parler de quelqu'un qui découvre une pièce de collection pour une bouchée de pain, une édition vraiment rare au milieu d'une malle remplie de romances idiotes? Ce n'est possible que lorsqu'on chine ou plutôt lorsqu'on sort de chez soi. Pourtant, Internet peut donner de bonnes surprises. Vous pouvez bien sûr vous procurer une première édition du "Sot-weed factor" de Barth pour $750 ou un livre signé par Coover pour $30. Le vendeur vous annonce -et vous fait payer!- la rareté du volume. Mais il arrive que vous commandiez un volume sur, disons, abebooks et tombiez sur quelque chose d'inattendu et d'étrange. C'est peut-être ce qui m'est arrivé ce soir.

La semaine passée, poussé par l'excellent papier de Gabriel Josipovici sur le modernisme, j'ai décidé d'acheter "The world and the book", un livre sur le même sujet écrit en 1971. L'édition revue et corrigée de 1994 coutant £80 sur Amazon, j'ai opté pour la première édition poche (1973) à 4€ chez un libraire anglais via abebooks.

A mon retour à la maison ce soir, le volume se trouvait dans ma boite. Je savais que le précédent propriétaire y avait inscrit son nom, mais pour le prix, je n'allais pas faire la fine bouche. Quelle ne fut donc pas ma surprise lorsque je me suis rendu compte que cet homme s'appelait Malcolm Bradbury. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Bradbury est l'un des principaux critiques littéraires anglais des trente dernières années du siècle passé, il a écrit une poignée de romans, de nombreux essais sur la littérature du vingtième, et a fondé le plus prestigieux Master of Arts in Creative Writing du Royaume-Uni. Pour les lecteurs de Tabula Rasa, c'est lui qui a mené la seule interview filmée de William Gaddis. Anobli au début 2000, il est mort en novembre de la même année à Norwich. Et c'est précisément un libraire de cette ville qui m'a vendu le livre. Par ailleurs, il y a aussi une dédicace manuscrite sur la première page: "Mr B. His book Many times over". Elle n'est malheureusement pas signée et pourrait aussi bien provenir de Josipovici lui-même (le livre s'intéresse à de nombreux auteurs étudiés par Bradbury) ou de la main d'un ami quelconque. Le seul détail étrange: la date inscrite en dessous du nom de Malcolm Bradbury est 1971, alors que cette copie du bouquin a été imprimée en 1973...

Malgré la signature, le livre ne vaut sans doute pas plus que les 4€ payés mais, romantiquement, quelque chose en moi apprécie de pouvoir penser détenir une infime partie de la bibliothèque de Bradbury.

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Humiliations danoises

L’excellente maison québécoise Les allusifs a sans doute réussi le coup marketing de la récente rentrée littéraire en invitant les bloggers français à rencontrer Knud Romer dans un restaurant parisien à l’occasion de la parution de « Cochon d’Allemand ». Opération séduction réussie puisque je ne me souviens pas avoir lu autant de notes en ligne pour un autre livre de cet éditeur. Les litbloggers sont déjà courtisés aux Etats-Unis depuis un bon bout de temps et peut-être que cet évènement montrera la voie au reste de la profession en France. De l’autre côté de l’Atlantique, certains observateurs, parmi lesquels des bloggeurs, ne voient pourtant pas d’un bon œil la cour faite à la bouqinosphère parce que ces critiques amateurs seraient moins bien armés que les professionnels pour résister aux tentatives des éditeurs d’« acheter » de bons papiers – quand un livre gratuit est toujours chose exceptionnelle, on serait plus complaisant que lorsqu’on croule sous les copies de presse. C’est évidemment faire peu de cas de ce que l’on sait sur le journalisme et les connivences que beaucoup entretiennent avec ceux qu’ils sont censés juger. De plus, dans le cas de « Cochon d’Allemand », les qualités évidentes du roman sont sans aucun doute la raison principale de sa bonne réception.

Dans ce premier roman triplement primé au Danemark, Romer dresse un portrait de famille déstructuré par le flot étrange et incontrôlable de la mémoire : les scènes se suivent comme elles reviennent à l’esprit, non pas dans l’ordre mais par association d’idées. Perturbant au départ, ce mode opératoire donne finalement une puissance surprenante au récit, permettant de rendre au plus près des ulcères de l’auteur une enfance passée au milieu d’imbéciles et au côté d’une mère adorée mais presque impossible à vraiment aimer.

Knud Romer, né en 1960, est issu d’un couple mixte, père danois, mère allemande. Dans le petit village de son enfance, on n’a toujours pas digéré les années passées sous domination nazie et on s’arrange pour le faire sentir à la boche et à son gamin, accueilli à la rentrée des classes par des petits camarades chantant gaiement « Co-chon d’Alle-mand ! Co-chon d’Alle-mand ! Co-chon d’Alle-mand ! » dans un esprit de meute du plus bel effet en la circonstance. Entre la (longue) litanie des humiliations, des coups, des moqueries bref de l’ostracisme subit par la famille Romer, l’auteur refait aussi l’histoire de ses grands-parents des deux lignées, avec une insistance particulière sur le côté allemand. Se dégage ainsi le portrait touchant de sa mère, éduquée parmi la haute bourgeoise prussienne auprès d’un beau-père fascinant mais par trop inhumain. La guerre éclate alors qu’elle étudie à Berlin et tombe amoureuse d’un jeune homme qui sera exécuté pour activité terroriste. Après ce désastre sentimental, elle part à la recherche de sa famille que le conflit mondial touchant alors à sa fin a isolée et ruinée. Cette femme courageuse et même, selon Romer, résistante anti-nazie n’aura malheureusement pas la force de continuer à se battre une fois Hitler tombé. Elle rencontre un Danois qu’elle aime à la folie, le suit dans son village et baisse le pavillon devant l’hostilité locale, comme si les efforts précédents l’avaient vidée de ses forces. L’enfance de Knud se passera entre brimades scolaires et une mère alcoolique s’enfermant de plus en plus dans une folie amère.

Malgré de gros défauts – le moindre n’étant de grosses incohérences chronologiques et contradictions internes -, « Cochon d’Allemand » est un roman puissant, beau et dur, servi par une écriture qui, si elle ne fait jamais d’étincelles, est très solide. Après « Les inachevés », magistral livre de Jirgl, c’est la seconde fiction que je lis de 2007 à s’intéresser à ce que la seconde guerre mondiale a laissé aux Allemands. Le livre de Romer est un argument puissant contre ceux qui voudraient faire croire à la pertinence du concept de culpabilité collective d’un peuple, qui ne fait que diluer la responsabilité, permettant aux vrais coupables de se cacher et de clouer au pilori des individus dont le seul défaut aura sans doute d’avoir vécu au mauvais endroit, au mauvais moment.

Knud Romer, Cochon d’Allemand, Les allusifs, 16€

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Dimanche difficile

J’ai compris que le dimanche serait dur quand je me suis retrouvé sur le coup d’une heure du mat’ au centre de la cuisine des amis chez qui une fête était organisée les deux poings en l’air en train de beugler « I’m forever blowing bubbles », l’hymne de West Ham, assez fort pour couvrir l’assourdissante musique. La deuxième confirmation est venue une heure plus tard lorsque, au milieu d’un salon pris d’assaut par de jeunes alter-bobos, je me suis retrouvé à causer Badiou, Lénine et libre-arbitre un verre à vin rempli de rhum à la main. Le reste est une longue chute vers mon lit, entamée dans un bar glauque où nous sommes arrivés trop tard pour la soirée strip-tease et un second bar où, à six heures du matin, j’étais toujours a causé football avec un Turc fan de Galatasaray, un Macédonien tellement fan de Fenerbahce qu’il en portait à la fois le maillot, la veste et la montre et le patron kosovar qui n’avait visiblement aucune envie de fermer. Réveil très difficile un peu avant quatorze heure et prise de conscience immédiate que je serais incapable de faire quoi que ce soit de productif, à part aller voir Blackburn – West Ham au pub du coin.

Tout ça donc pour dire que je n’ai rien foutu ce week-end de tout ce que j’avais à faire. Je n’ai même pas répondu à mes mails (ça viendra) et suis donc particulièrement heureux d’avoir terminé Javi dans le métro hier pour pouvoir vous le présenter aujourd’hui sans devoir trop me casser la tête – qui ne me fait heureusement plus mal.

PS : le principe de la fête d’hier soir était que chaque invité amène avec lui une compil’ de cinq titres à faire passer. Pas de bol pour les autres convives : j’avais passé la soirée du vendredi à réécouter les classiques Hard que j’adorais à 10-12 ans, ce qui influença terriblement mes choix.

Ozzy Osbourne – Bark at the moon

Whitesnake – Here I go again (j’ai longuement hésité avec Is this love)


Motley Crüe – Smoking in the boys room


Chingon – Malagueña salerosa


Faith No More – We care a lot


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In Memoriam: Karlheinz Stockhausen

L'annonce du décès de Karlheinz Stockhausen (22/08/1928 - 05/12/2007) réduit Fausto au silence.



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The way we're heading

Tout "V." dans un seul et bref dialogue:

"'Where we going', Profane said. 'The way we're heading', said Pig."

Et les deux derniers extraits:

“This is a curious country, populated only by a breed called ‘tourists’. Its landscape is one of inanimate monuments and buildings; near-inanimate barmen, taxi-drivers, bellhops, guides: there to do any bidding, to varying degrees of efficiency, on receipt of the recommended baksheesh, pourboire, mancia, tip. More than this it is two-dimensional, as is the Street, as are the pages and maps of those little red handbooks. As long as the Cook’s Travellers’ Clubs and banks are open, the Distribution of Time section followed scrupulously, the plumbing at the hotel in order (…), the tourist may wander anywhere in this coordinate system without fear. War never becomes more serious than a scuffle with a pickpocket (…); depression and prosperity are reflected only in the rate of exchange; politics are of course never discussed with the native population. Tourism thus is supranational, like the Catholic Church, and perhaps the most absolute communion we know on earth: for be its members American, German, Italian, whatever, the Tour Eiffel, Pyramids, and Campanile all evoke identical responses from them; their bible is clearly written and does not admit of private interpretations; they share the same landscape, suffer the same inconveniences, live by the same pellucid time-scale. They are the Street’s own.”

“But we reach a point (…) we old campaigner, when the habits of the past become too strong. Where we can say, and believe, that this abattoir, but lately bankrupt, was fundamentally no different from the Franco-Prussian conflict, the Sudanese wars, even the Crimea. It is perhaps a delusion – say a convenience- necessary to our line of work. But more honourable surely than this loathsome weakness of retreat into dreams: pastel visions of disarmament, a league, a universal law. Ten million dead. Gas. Paschendaele. Let that be now a large figure, now a chemical formula, now an historical account. But dear lord, not the Nameless Horror, the sudden prodigy sprung on a world unaware. We all saw it. There was no innovation, no special breach of nature, or suspension of familiar principles. If it came as any surprise to the public then their own blindness is the Great Tragedy, hardly the war itself.”

Le service habituel reprend la semaine prochaine.

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Forcible dislocation of personality


(Vous l'aurez peut-être deviné, je suis très pris par ma relecture récente de "V." et ne peut, pour l'instant, vous proposer grand chose d'autre que quelques extraits de ce magnifique livre. La semaine prochaine, sans doute, reprise du service normal.)

« Around each seed of a dossier, therefore, had developed a nacreous mass of inference, poetic license, forcible dislocation of personality into a past he didn’t remember and had no right in, save the right of imaginative anxiety or historical care, which is recognized by no one. He tended each seashell on his submarine scungille farm, tender and impartial, moving awkwardly about his staked preserve on the harborbed, carefully avoiding the little dark deep right there in the midst of the tame shellfish, down in which God knew what lived: the island Malta, where his father had died, where Herbert had never been and knew nothing at all about because something there kept him off, because it frightened him. »

« Stencil fell outside the pattern. Civil servant without rating, architect-by-necessity of intrigues and breathing-together, he should have been, like his father, inclined toward action. But spent his days instead at a certain vegetation, talking with Eigenvalue, waiting for Paola to reveal how she fitted into this grand Gothic pile of inferences he was hard at work creating. Of course too there were his “leads” which he hunted down now lackadaisical and only half-interested, as if there were after all something more important he ought to be doing. What this mission was, however, came no clearer to him than the ultimate shape of his V-structure – no clearer, indeed, than why he should have begun pursuit of V. in the first place. »

« Living as he does much of the time in a world of metaphor, the poet is always acutely conscious that metaphor has no value apart from its functions; that it is a device, an artifice. So that while others may look on the laws of physics as legislation and God as a human form with beard measured in light-years and nebulae for sandals, Fausto’s kind are alone with the task of living in a universe of things which simply are, and cloaking that innate mindlessness with comfortable and pious metaphor so that the “practical” half of humanity may continue in the Great Lie, confident that their machines, dwellings, streets and weather share the same human motives, personal traits and fits of contrariness as they. »

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Psychodontie et Eros

« For those who keep an eye on such things, bright little flags had begun to appear toward the end of Eisenhower’s first term, fluttering bravely in history’s gray turbulence, signalling that a new and unlikely profession was gaining moral ascendancy. Back around the turn of the century, psychoanalysis had usurped from the priesthood the role of father-confessor. Now, it seemed, the analyst in his turn was about to be deposed by, of all people, the dentist.
It appeared actually to have been little more than a change in nomenclature. Appointments became sessions, profound statements about oneself came to be prefaced by “My dentist says…” Psychodontia, like its predecessors, developed a jargon: you called neurosis “malocclusion”, oral, anal and genital stages “deciduous dentition”, id “pulp” and superego “enamel”.
The pulp is soft and laced with little blood vessels and nerves. The enamel, mostly calcium, is inanimate. These were the it and I psychodontia had to deal with. The hard, lifeless I covered up the warm, pulsing it; protecting and sheltering. »

« The eyes of New York women do not see the wandering bums or the boys with no place to go. Material wealth and getting laid strolled arm-in-arm the midway of Profane’s mind. If he’d been the type who evolves theories of history for his own amusement, he might have said all political events: wars, governments and uprisings, have the desire to get laid as their roots, because history unfolds according to economic forces and the only reason anybody wants to get rich is so he can get laid steadily, with whomever he chooses. All he believed at this point, on the bench behind the library, was that anybody who worked for inanimate money so he could buy inanimate objects was out of his head. Inanimate money was to get animate warmth, dead fingernails in the living shoulderblades, quick cries against the pillow, tangled hair, lidded eyes, twisting loins…»

Thomas Pynchon, V., Vintage, £8.99

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Le modernisme est vivant

Je ne suis pas un lecteur régulier du TLS mais Stephen Mitchelmore signalait il y a deux jours la présence dans le numéro de cette semaine d’une retranscription (élaguée) de la conférence sur le modernisme donnée par Gabriel Josipovici à Londres en début d’année. Il nous promettait que l’article valait, à lui seul, l’achat de la revue. Le bougre ne mentait pas, c’est vraiment à lire absolument. Intitulé « Why the Modernists live on » sur la couverture et « Fail again. Fail better. » à l’intérieur, Josipovici y explique en à peine trois pages d’où vient le modernisme, en quoi les réactions à son égard (conservatrices, marxistes ou postmodernes) sont surtout parvenues à souligner son importance plus que ses défauts et surtout pourquoi le modernisme reste pertinent aujourd’hui, alors que le monde littéraire essaie d’en oublier les leçons. D’une richesse énorme, ce papier est une invitation à la réflexion pour qui s’intéresse à la littérature et au roman. Malgré sa courte longueur, il m’a fallu une bonne heure pour le terminer : je m’arrêtais à chaque paragraphe pour réfléchir à ce que je venais de lire. Vraiment stimulant, mais malheureusement non consultable en ligne.

J’évoquerai rapidement une des choses dites par Josipovici sur la différence entre modernisme et postmodernisme : les modernistes considéraient que la Vérité existait mais qu’elle était inatteignable, alors que les postmodernistes pense qu’il y a des vérités, très nombreuses. C’est, étrangement, ce qui sépare William Gaddis des autres écrivains US avec lequel on le classe régulièrement : contrairement à Coover ou à Pynchon par exemple, il paraît évident à la lecture de Gaddis que la Vérité existe. C’est notamment pourquoi il me semble appartenir à la tradition moderniste bien plus qu’au postmodernisme. Par ailleurs, puisque j’évoque Pynchon, on notera que « V. », son premier roman, est peut-être le cul entre deux chaises : on y voit déjà tout ce qui en fera le grand auteur PoMo mais il reste, d’une certaine manière, dans une quête moderniste. Ce ne sera plus le cas par la suite.

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