Nouvelles de Fausto
Cette semaine, pas de nouvelles d’un front dont je me suis absenté pendant six jours. London was calling, et je me suis laissé aller. Pas très difficile de succomber à la tentation de cette ville où je me suis senti comme un poisson dans l’eau à l’instant où j’y posais les pieds pour la première fois, il y a des années.
Tout m’y attire, car il s’agit peut-être du seul lieu dans le monde où la holy trinity qui fait de Fausto ce qu’il est est présente. Londres, c’est la ville de la musique. Je regarde vers mes rayons, et les Beatles me parlent de Tara Browne qui n’avait pas vu que le feu était passé au rouge, quelque part à Kensington. Et Coil qui nous entretient des « Lost Rivers of London », toutes ces rivières que le touriste ne soupçonne pas et qui s’écoulent sous ses pieds, sous le béton de l’urbanisation. Je me souviens de ce petit magasin abrité dans une maison anonyme d’un faubourg du sud de la ville. Rien n’indiquait que l’adresse était bonne, il fallait sonner. Si on avait de la chance, un homme nullement sympathique venait ouvrir et vous faisait pénétrer dans une hallucinante caverne d’Ali Baba où les douceurs auditives étaient accumulées, de Coil à This Heat, de AMM à l’ensemble du catalogue ReR Megacorps.
Londres, c’est aussi la ville du foot, avec six clubs en Premier League. Et dimanche dernier, dans le salon d’une famille bien British, après le traditionnel Sunday Roast, je me suis levé, je me suis jeté, j’ai crié lorsque Marlon l’a mis au fond, cette balle qui donnait la victoire à mes beloved Hammers face à Arsenal. Et Arsène Wenger d’illustrer une fois de plus pourquoi il est le plus mauvais perdant du sport français – ce n’est pas une mince affaire. Up the Irons ! (On en aura bien besoin…).
Et Londres, c’est surtout une ville littéraire. Promenez vous dans Bloomsbury, suivez les traces de Virginia Woolf. Regardez les caméras dont la ville d’adoption d’un certain Eric Blair est truffée. C’est surtout pour moi la ville où Nicola Six attendait la mort des mains de Keith Talent. Ah, « London Fields » !
A l’aller, je voyage léger. Au retour, je me casse le dos. Impossible de ne pas se laisser aller chez Foyles, la plus grande librairie indépendante du monde. Difficile de ne pas admirer le Waterstone’s de Picadilly, plus grande librairie d’Europe, avec ses sept étages. Les grandes chaînes actives en France et en Belgique devraient y jeter un œil : on reste dans l’industrie plutôt que dans le commerce animé par des passionnés, mais les rayons imports et indépendants y sont (parfois) remarquables.
Faisons le détail, puisque ce voyage animera l’hiver et fournira une partie du charbon que blogger engouffre pour faire fonctionner cette page. Nous devons à l’inestimable Pugnax l’acquisition de « The people of paper » de Salvador Plasencia et des « Suitors » de Ben Ehrenreich (j’envoie la facture si ce n’est pas bon). Je regrette de n’avoir trouvé le « Children Hospital » de Chris Adrian. Claro m’a recommandé « Oh pure and radiant heart » de Lydia Millet, il fut pris également. On est dans les titres récents, nous y resterons : « The brief and frightening reign of Phil » du McArthur Fellow promo ’06 George Saunders, « Wizard of the crows » de Ngugi wa Thiong’o et les souvenirs de Ralph Steadman à propos d’un certain Hunter («The joke’s over », malheureusement, on a envie de dire). Deux classiques américains ensuite : « Wittgenstein’s mistress » de David Markson et « Mumbo Jumbo » d’Ishmael Reed. Au rayon classiques, ceux que j’ai lu en français dans mon enfance, mais que je souhaite avoir sous la main en anglais : une chasse au trésor et les aventures d’un certain détective de Baker Street. Et puis, « The man who was thursday », récit policier d’un Chesterton que je ne connais que poète. Pour les jours de repos, j’ai prévu les éditions paperback des derniers Zadie Smith et Julian Barnes, ainsi que « American tabloid » du père Ellroy. Pour finir, trouvé de seconde main : « The gospel according to the son » de Norman Mailer, parce qu’il y parle de Jésus, ce qui est bien casse-gueule, et que son prochain roman aura Hitler comme protagoniste, c’est qui est tout aussi dangereux.
Un lien tout de même : Brian Evenson propose la playlist de son dernier livre, « The open curtain ». Pratiquement que du bon. Je vous quitte en précisant que ce long message a été écrit alors que Chico Buarque chantait « Construçao ». Le radiateur en guise de soleil, et à la place de caïpirinha, une bonne tasse de Earl Grey. J’arrête là, parce qu’on quitte ma sainte trinité pour rentrer dans le domaine des péchés mignons.
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Lundi 21 à 19h15, heure de Londres, Lawrence Norfolk sera sur la BBC Radio 4 pour parler du nouveau Pynchon. A ne pas manquer…
Tout m’y attire, car il s’agit peut-être du seul lieu dans le monde où la holy trinity qui fait de Fausto ce qu’il est est présente. Londres, c’est la ville de la musique. Je regarde vers mes rayons, et les Beatles me parlent de Tara Browne qui n’avait pas vu que le feu était passé au rouge, quelque part à Kensington. Et Coil qui nous entretient des « Lost Rivers of London », toutes ces rivières que le touriste ne soupçonne pas et qui s’écoulent sous ses pieds, sous le béton de l’urbanisation. Je me souviens de ce petit magasin abrité dans une maison anonyme d’un faubourg du sud de la ville. Rien n’indiquait que l’adresse était bonne, il fallait sonner. Si on avait de la chance, un homme nullement sympathique venait ouvrir et vous faisait pénétrer dans une hallucinante caverne d’Ali Baba où les douceurs auditives étaient accumulées, de Coil à This Heat, de AMM à l’ensemble du catalogue ReR Megacorps.
Londres, c’est aussi la ville du foot, avec six clubs en Premier League. Et dimanche dernier, dans le salon d’une famille bien British, après le traditionnel Sunday Roast, je me suis levé, je me suis jeté, j’ai crié lorsque Marlon l’a mis au fond, cette balle qui donnait la victoire à mes beloved Hammers face à Arsenal. Et Arsène Wenger d’illustrer une fois de plus pourquoi il est le plus mauvais perdant du sport français – ce n’est pas une mince affaire. Up the Irons ! (On en aura bien besoin…).
Et Londres, c’est surtout une ville littéraire. Promenez vous dans Bloomsbury, suivez les traces de Virginia Woolf. Regardez les caméras dont la ville d’adoption d’un certain Eric Blair est truffée. C’est surtout pour moi la ville où Nicola Six attendait la mort des mains de Keith Talent. Ah, « London Fields » !
A l’aller, je voyage léger. Au retour, je me casse le dos. Impossible de ne pas se laisser aller chez Foyles, la plus grande librairie indépendante du monde. Difficile de ne pas admirer le Waterstone’s de Picadilly, plus grande librairie d’Europe, avec ses sept étages. Les grandes chaînes actives en France et en Belgique devraient y jeter un œil : on reste dans l’industrie plutôt que dans le commerce animé par des passionnés, mais les rayons imports et indépendants y sont (parfois) remarquables.
Faisons le détail, puisque ce voyage animera l’hiver et fournira une partie du charbon que blogger engouffre pour faire fonctionner cette page. Nous devons à l’inestimable Pugnax l’acquisition de « The people of paper » de Salvador Plasencia et des « Suitors » de Ben Ehrenreich (j’envoie la facture si ce n’est pas bon). Je regrette de n’avoir trouvé le « Children Hospital » de Chris Adrian. Claro m’a recommandé « Oh pure and radiant heart » de Lydia Millet, il fut pris également. On est dans les titres récents, nous y resterons : « The brief and frightening reign of Phil » du McArthur Fellow promo ’06 George Saunders, « Wizard of the crows » de Ngugi wa Thiong’o et les souvenirs de Ralph Steadman à propos d’un certain Hunter («The joke’s over », malheureusement, on a envie de dire). Deux classiques américains ensuite : « Wittgenstein’s mistress » de David Markson et « Mumbo Jumbo » d’Ishmael Reed. Au rayon classiques, ceux que j’ai lu en français dans mon enfance, mais que je souhaite avoir sous la main en anglais : une chasse au trésor et les aventures d’un certain détective de Baker Street. Et puis, « The man who was thursday », récit policier d’un Chesterton que je ne connais que poète. Pour les jours de repos, j’ai prévu les éditions paperback des derniers Zadie Smith et Julian Barnes, ainsi que « American tabloid » du père Ellroy. Pour finir, trouvé de seconde main : « The gospel according to the son » de Norman Mailer, parce qu’il y parle de Jésus, ce qui est bien casse-gueule, et que son prochain roman aura Hitler comme protagoniste, c’est qui est tout aussi dangereux.
Un lien tout de même : Brian Evenson propose la playlist de son dernier livre, « The open curtain ». Pratiquement que du bon. Je vous quitte en précisant que ce long message a été écrit alors que Chico Buarque chantait « Construçao ». Le radiateur en guise de soleil, et à la place de caïpirinha, une bonne tasse de Earl Grey. J’arrête là, parce qu’on quitte ma sainte trinité pour rentrer dans le domaine des péchés mignons.
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Lundi 21 à 19h15, heure de Londres, Lawrence Norfolk sera sur la BBC Radio 4 pour parler du nouveau Pynchon. A ne pas manquer…