Postpoésie
Agustín Fernández Mallo, Creta Lateral Travelling, La noche polar, 18€
6 commentaires:
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Et maintenant, la "postpoésie" : n'importe quoi... tout comme la définition que tu en donnes : on croirait le même charabia que pour un prospectus de mauvaise galerie d'art contemporain...
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J'avais jamais remarqué que Gadrel et Babel ça rime.
Bien. Prenant en compte les commentaires longs et argumentés que j'ai de nombreuses fois laissé chez toi, je te demande de revoir ta copie.
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Ah ah : j'étais sûr que tu allais dire ça ;-)
Plus sérieusement, bien sûr que ça mérite un commentaire plus long, mais comme ce sujet entre en parfaite collision avec un de mes prochains posts, c'est surtout là que je développerai.
Mais quand même, quelques mots : je dirais que le problème de fond derrière ces histoires de "mort de la poésie", de "postmoderne", "postculture", "néoclassique", c'est que ceux qui développent ces concepts raisonnent à partir de modèles temporels apauvrissants. Ils pensent en termes de successions rapides, de catégorisations, de mort subite et de renaisance fulgurante, bref ils restent encore accrochés à la téléologie de la modernité et à l'attente du "moment hégélien" où une catégorie littéraire "pure" pourrait émerger et s'imposer comme parfaite, réduisant tout ce qui précède à un simple mouvement dialectique. Or tout cela est extrêmement simplificateur, écrase complètement toute la complexité des mouvements de fond (je pense, en histoire de l'art, au "Nachleben" d'Aby Warburg) qui font que les choses se superposent, entrent en sommeil et reparaissent, etc.
Ce dont le forgeur de la "postpoésie" nous parle, c'est en fait de la mort de la poésie qu'il constate (comme ceux qui parlent de la "mort de la philosophie", "la mort de l'art"...) Mais la poésie a survécu depuis l'Antiquité, elle n'a cessé de se métamorphoser dans ses fondements sans qu'on ait à parler au Moyen-Age de "postpoésie" dès que les modalités techniques ou psychologiques changeaient quelque peu (cf. dans "Civlisation de la Renaissance en Italie" de Burckhardt, tous les longs passages sur la poésie latine, humaniste, toscane que je suis en train de me farcir - trés éclairant lorsqu'on le replace dans un long regard jusqu'à nous). Je ne me fais pas de soucis pour la poésie (ni pour la littérature) : elle survivra à sa manière. Dans le dernier post de Locus Solus, tu trouveras des éclairs sur ce qu'est la poésie bien plus illuminants que la définition de la "postpoésie" (qui, je le maintiens, s'apparente à du charabia).
Alors, professeur, est-ce que j'ai la moyenne cette fois ? ;-)
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C'est nettement mieux. ;-)
Mais une bonne partie part du présupposé que Fernandez Mallo, qui est d'ailleurs poète, considère la poésie comme "morte" alors que ce n'est pas de ça qu'il s'agit. On ne dit pas la poésie est morte, on se demande pourquoi la poésie est devenue de nos jours quelque chose que beaucoup considèrent comme irrelevant au point que personne ne se donne la peine d'en annoncer la mort. Et donc il donne des pistes de réponses, dont la principale est cette histoire d'une évolution qui ne s'est pas faite, au moins pour la poésie espagnole. En peinture, quel sort est réservé à un type qui pendrait en 2009 à la Monet? La question suivante est donc que faire? Sa réponse peut ne pas sembler satisfaisante, moi je dis qu'il faudra juger sur pièce. En tout cas, ça ne me semble pas plus choquant que ce qui a été fait avec le roman... Postpoésie, c'est un peu comme post-rock: ce ne sont pas des gens qui ont dit "le rock est mort", c'est des gens qui ont tenté (avec des résultats très variables) de montrer les possibiltés du rock à une époque qui ne voulait que de la musique électronique.
Pour ce qui est du charabia, j'ai trouvé ça assez clair et en tout cas nettement moins charabia que Deleuze, que tu chéris pourtant tellement.
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"Postpoésie" : ça rappelle la "poésie totale" dont Adriano Spatola parlait déja dans les années 7O, à savoir une poésie capable d'englober tous types de médiums (plastiques, auditifs, informatiques etc...). L'idée n'est donc pas récente, cf l'oeuvre de Spatola lui-même, celle des frères De Campos au Brésil (une anthologie des poèmes d'Eduardo de Campos est disponible chez Al Dante)et bien d'autres évoqués dans "Vers la poésie totale". Une question intéressante serait : a-t-on atteint quoi que ce soit de tant soit peu concluant depuis 30 ans ? Ou bien : La publicité n'a-t-elle pas déja accompli mieux que quiconque cet idéal ?
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Bonjour,
Je trouve votre blog très enrichissant, cela change de tout ce que l’on peut lire habituellement. Bonne continuation et merci.