Le blog littéraire est toujours à naître
Il y a un an aujourd’hui nous lancions, avec mes petits camarades, le Fric-Frac Club. Je ne tiens pas à en faire un bilan aujourd’hui, mais je me dis que c’est tout de même le jour parfait pour aborder ma déception et mes doutes quant à la blogosphère littéraire francophone. C’est peut-être d’actualité : dans une note publiée il y a une semaine, Claro disait à François Bon qu’il ne fallait pas attendre qu’un blog demande : le blog littéraire est-il mort ? Pour ma part, j’ai bien peur que le blog littéraire francophone ne soit en fait jamais né.
(Petite précision : une bonne partie des éléments que je vais citer s’appliquent aussi à Tabula Rasa ou au FFC, il ne s’agit pas de se mettre au dessus de la mêlée. En fait, la mélasse nous aussi pataugeons dedans.)
Qu’est-ce que la blogosphère littéraire francophone, ce blog inclus ? Une gigantesque bibliothèque en ligne d’opinions sur des livres parfois lus. S’il est parfaitement normal qu’un blog littéraire soit un espace de critique de romans, il ne devrait pas, comme c’est trop souvent le cas, être un espace de critique anhistorique, du livre étudié pris comme s’il existait seul, dans un sorte de vide, sans rien avant et sans rien après. C’est un peu toujours comme si le roman dont on parle existait dans un vacuum double : non seulement, il n’y a pas d’histoire littéraire derrière, mais en plus il n’y a pas d’histoire de lecture personnelle non plus. Parlons du livre X pour pouvoir passer au livre suivant. Et quand on parlera d’Y, avec un peu de chance, on mentionnera peut-être X ou tout autre livre lu avant. Pourtant, une critique sérieuse – et évidemment, la critique sérieuse est rare dans cette multitude de blogs, celui-ci toujours inclus – se doit de partir du livre jugé pour parler des livres. Pour dire d’où il vient, où il se place et vers où il va – historiquement et personnellement. Mais le blog littéraire devrait parler de plus qu’un livre, de plus que des livres. Le blog littéraire devrait parler de littérature et de son avenir. Il devrait être un espace de réflexion critique et théorique. Certes, partager des nouvelles (le moins possible tout de même, il y a d’autres endroits pour ça). Certes, recommander des lectures. Certes, tracer des généalogies, esquisser des familles. Certes. Mais surtout débattre du littéraire, de son futur comme de sa tradition. On lit souvent, ces temps-ci, que la vraie critique littéraire se trouve sur internet. Et pourquoi pas ? Mais à vrai dire, la seule différence actuellement, c’est que certains blogs parlent de certains livres dont on ne parle pas dans la presse traditionnelle ou, si on en parle, ils y accordent plus d’espace. Pour ce qui est du traitement, de la perspective, de l’analyse, le bon blogger littéraire est-il autre chose qu’un journaliste amateur, qu’un critique sans espace pro ? Malheureusement, non.
Pour ce qui est du format blog, on en fait ce que l’on veut, mais il a tout de même quelques caractéristiques spécifiques qui sont celles de ce qu’on appelle le web 2.0 et qui permettent interconnectivité et interactivité. Au-delà de tous les commentaires et analyses sur ce sujet qu’on retrouve un peu partout sous les claviers des gourous auto-proclamés d’internet, il me parait pertinent de souligner le plus simple : à travers un blog, plus que de livrer ses états d’âmes, on peut créer une sorte de communauté et lancer des discussions à travers les commentaires mais aussi de blogs à blogs. Peut-on dire qu’il y a une communauté de bloggers littéraires ? Malgré des efforts louables, la réponse est non si l’on considère que pour cette communauté se constitue, il ne suffit pas de s’identifier comme blogger littéraire et de parler de livres : la communauté a besoin de liens plus forts que la plateforme ou que le partage d’un thème vague. Seconde étape : les bloggers lancent-ils véritablement des discussions ou des débats substantiels ? Passons sur le fait que certains blogs n’autorisent même pas les commentaires (un blog sans commentaire est-il encore un blog ?) pour s’intéresser aux autres : dans le pire des cas (Assouline), les lecteurs se laissent aller à des foires d’empoigne, s’appliquent à déverser leur fiel et se lancent dans des conflits virtuels qu’aucun n’oserait mener en dehors de ce type d’espace, interdisant ainsi à une minorité de bonne volonté toute discussion sérieuse ; dans le meilleur des cas, il s’agit de marquer son accord / désaccord, de féliciter le blogger, de parfois ajouter une ou deux phrases, merci au revoir. Il ne s’agit absolument pas, du pire au meilleur, d’un débat. Et qu’en est-il du dialogue entre blogs ? Je répondrai par une question : en oubliant les messages qui signalent les pages appréciées par le blogger, quand fut la dernière fois que vous avez lu une note répondant à ou partant d’une note d’un autre blogger, et ce de façon substantielle, avec un autre but que la moquerie, l’insulte, l’ad hominem ?
Je pense malheureusement qu’en matière littéraire, le francophone n’est jamais passé au 2.0. Ou plutôt, il n’y a emprunté que le plus flashy (la possibilité d’insérer des vidéos, par exemple) mais se sert de l’interface comme d’une homepage pour nul, une interface gratuite, un site web dont la maintenance ne sera que minime. Le problème n’est pas le blog, le problème c’est que nous ne savons pas nous en servir.
De toute façon, quel que soit le format, la discussion est difficilement possible dans une blogosphère qui se contente de parler du livre de X. Dans la plupart des cas, les opinions varient mais dans un éventail limité et s’il y a une communication inter-blog, elle sera pauvre car peu intéressante. Par contre, si le blogger A dans son post sur le livre Y parle, pour prendre des thèmes courants à titre d’exemple faible, du politique dans la littérature ou, pourquoi pas, du narrateur non fiable (il faudra, c’est évident, développer un minimum, en dire quelque chose, pas seulement nommer la question), le blogger B peut s’en faire l’écho, le blogger C y répondre en abondant dans le sens de A en ajoutant son grain de sel, le blogger C peut réfuter point par point les vues de B, etc. Rien de ce que je dis ici n’est bien original. Tout le monde sait que ça peut se passer comme ça, tout le monde devrait savoir que ça doit se passer comme ça. Mais alors, et c’est la principale question que je me pose, pourquoi ça ne se passe jamais comme ça dans la blogosphère française ? Pourquoi ? Pourquoi le plus gros débat lu récemment était sur les qualités d’un livre précis, sans rien dire vraiment sur le roman, la littérature et les autres livres, tout en descendant dans l’ad hominem et les insultes pour faire bonne mesure ? Pourquoi, dans le meilleur des cas, il ne s’agit que d’expliquer le livre lu et de dire pourquoi on l’aime, pourquoi on ne l’aime pas ?
J’insiste depuis le début sur les blogs francophones. Est-ce que cela se passe mieux ailleurs ? Des insultes, des commentaires brefs d’appréciation générale ou des notes sur des livres pris isolément, il y en a partout, loin de moins l’intention de prétendre le contraire – même si le niveau absolument sidérant d’insulte et de malveillance que l’on trouve sur certains des plus gros blogs francophones, je ne l’ai rencontré nulle part ailleurs si ce n’est, peut-être, sur quelques blogs d’Amérique latine. Alors, en espagnol et en anglais ? Eh bien, c’est rare mais on retrouve des notes aux commentaires essentiellement civils et surtout authentiquement intéressants. On retrouve aussi des discussions se répandant d’un blog à l’autre, comme celle lancée par Richard Crary sur la pertinence du terme « novel », poursuivie par Dan Green, relayée par Mark Thwaite et Stephen Mitchelmore. Ce sont, à mon sens, des cas exemplaires. Ils concernent un nombre très restreint de bloggers et de notes dans chaque langue mais ils existent. Je ne me souviens pas de pareilles choses en français. La question est donc : pourquoi ? On a déjà cité l’utilisation très 1.0 des blogs. On a aussi parlé de l’aspect limité des papiers. Il y a un troisième paramètre – et il va main dans la main avec le second -- : le lecteur. Le lecteur francophone est-il seulement intéressé par autre chose que des recommandations de lecture ? Déçu sans doute par la critique traditionnelle, veut-il que le blogger fasse autre chose que la même chose en mieux ? Je ne pense pas. Je pense que dans son écrasante majorité, le lecteur de litblogs veut qu’on lui cause livre, pas littérature. Il veut un guide d’achat alternatif, pas un questionnement théorique. Et comme le blogger n’est qu’un lecteur de blog qui décide de se mettre à bloguer, le résultat ne peut qu’être celui que l’on a : dans le meilleur des cas, un panorama de critiques online se regardant le nombril.
1) Le problème n’est pas un problème de format, le problème est un problème d’utilisation de format.
2) L’intérêt principal du blog, au-delà de la facilité d’utilisation et de la possibilité d’y mêler différents types de médias, est de créer une communauté et de bénéficier d’une certaine interaction avec les lecteurs et les autres blogs.
3) Un blog sans commentaires n’est pas un blog.
4) Chez nous, le lecteur aime ou n’aime pas, le blogger lie ou ne lie pas. Approuver ou désapprouver, ce n’est pas dialoguer.
5) En francophonie, la différence entre le web 1.0 et le web 2.0 c’est la différence entre un cunt et un flashy cunt.
6) Notre incapacité à profiter des spécificités est partiellement de notre faute. Parce que, dans la plupart des cas, nos textes n’encouragent pas au débat : une critique de livre basique n’offre que des possibilités limitées de discussion. Parce que lorsque l’un d’entre nous écrit quelque chose qui pourrait faire débat, nous nous en faisons rarement l’écho (lier l’excellent article de… n’est pas suffisant).
7) Notre incapacité à profiter des spécificités est aussi liée aux lecteurs. Ils picorent, ils ne contribuent pas. Ils disent parfois bien, parfois mal, c’est tout. En partie parce que nous n’offrons pas de raisons de faire plus. En partie parce que ce que nous faisons de mieux ne l’intéresse pas tant que ça.
8) Le lectorat des litblogs français n’a, en général, aucun intérêt pour la littérature. Il lit des livres.
9) Le litblogger français ne s’intéresse pas à la littérature. Il parle (parfois) de livres.
Il ne s’agit pas de dire qu’il n’y a pas de place pour le blog carnet de bord à l’ambition limitée, ou le blog fournissant sa petite critique hebdomadaire ou le blog fournissant les dernières nouvelles. Non, il s’agit de dire qu’il doit aussi y avoir autre chose et que cette autre chose, je ne la trouve pas. Il y a, à n’en pas douter, des gens capables de le faire, mais ils ne le font pas. J’aimerais, à l’avenir, transformer ma pratique blog pour me rapprocher de ce type d’ambition, mais tout ça nécessite plusieurs choses : non seulement les capacités à mener à bien ce programme critique, mais également qu’un certains nombres de bloggers s’y mettent aussi. Et sans un lecteur qui participe authentiquement, tout le travail d’une poignée de bloggers ne servira à rien.
Que l’on se comprenne bien : je ne prétends pas mieux valoir ou répondre à ses hautes aspirations. Tabula Rasa et le Fric-Frac Club sont tout aussi coupables. Tout ceci n’est une attaque contre personne. Il s’agit tout d’abord d’une réflexion un peu confuse née de mon insatisfaction personnelle par rapport à ma propre pratique et à mes textes ici et sur là. J’espère juste qu’elle interpellera quelques uns parmi vous.
Quelques souhaits:
1) Causer littérature avant de causer livre.
2) Lorsqu’on cause d’un livre, placer clairement ce livre parmi d’autres livres.
3) Tenter d’aller au fond des spécificités des textes abordés.
4) Débattre littérature.
5) Multiplier les papiers « transversaux ».
6) Créer une sorte de dialogue communautaire.
7) Rebondir sur ce qui se fait ailleurs.
66 commentaires:
-
Cher François Monti,
ce que vous demandez, c'est une pratique professionnelle du blog, analogue à ce qu'étaient les meilleures revues littéraires dans les années 1900 ou 1950.
Le problème, c'est qu'être littblogger n'est pas un métier. Même quand les bloggers sont des gens qui lisent et écrivent dans le cadre de leur métier, le blog ne peut tenir qu'une place marginale dans cette activité : il n'est pas rémunéré, ne répond pas à une commande, n'a pas à paraître selon une périodicité précise.
J'admire beaucoup les mordus du FFC qui consacrent autant de temps à la rédaction de posts : tous ne parlent pas littérature, je vous l'accorde, mais la plupart parlent de livres d'une grande exigence esthétique.
Pour ma part, je cherche effectivement en vous lisant des critiques plus fouillées, argumentées de façon plus solides que ce qu'on trouve dans les médias, y compris spécialisés (Quinzaine, Magazine Littéraire, Matricule des Anges, Transfuge...)
Si je suis simple lecteur de blogs et pas blogger, c'est tout simplement car mon activité professionnelle ne m'en laisse pas le temps.
Quant aux écrivains (qui auraient peut-être le temps de se consacrer à un travail théorique approfondi), il semble qu'ils soient aujourd'hui plus soucieux de travailler à leur oeuvre de fiction que de lui donner des assises conceptuelles. De ce point de vue, le temps des avant-gardes a passé - même si rien ne lui interdit de revenir...
Je rêverais donc d'une blogosphère littéraire telle que vous l'appelez de vos voeux, mais je suis assez réservé quant à sa possibilité d'émergence dans le contexte actuel.
Bien cordialement, Matthias Etiemble
-
Matthias a touché le point essentiel, je crois : très modeste blogueur "littéraire" moi-même, j'aimerais écrire les billets que vous appelez de vos voeux (en supposant que j'en suis capable, bien sûr) mais il me faudrait m'y consacrer à plein temps (en plus de celui consacré aux lectures, ça va de soi). Ayant une vie professionnelle et une vie familiale bien remplies, je me contente des courts commentaires (ce ne sont pas même des critiques, ou si peu) que vous évoquez, puisque je ne peux me résoudre à ne pas parler des livres que j'aime.
Un lecteur assidu et admiratif de Tabula et FFC
Manu
-
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
-
Merci de vos commentaires. Je pense que vous dites des choses assez justes, mais je ne crois pas demander une professionalisation des blogs. Il ne s'agit pas de ne faire que ces notes vraiment substantielles. Il s'agit d'en faire régulièrement, mais jamais de quoi remplir une revue mensuelle, n'exagérons pas. Et c'est possible. Je cite dans ma note 5 blogs, un seul est tenu par un pro de la littérature... Mais c'est vrai qu'en plus des capacités critiques il faut aussi être prêt à investir de son temps. A faire des choix, donc.
Ceci dit, l'aspect dialogue / débat demande déjà beaucoup moins d'investissement. Il demande surtout attention, réceptivité, réactivité et intérêt (et donc encore merci d'avoir non seulement lu ma note, mais surtout d'avoir pris le temps d'y répondre). Rien qu'en progressant là dessus, je crois que la panorama bouquinosphère sera plus enthousiasmant.
-
Cela ne peut signifier qu’une chose : non pas qu’il n’y a pas de route pour en sortir, mais que l’heure est venue d’abandonner toutes les vieilles routes. Aimé Césaire. -Comment s'en sortir sans sortir - Comment trouver un clinamen ou une déclinaison dans la construction épuisée du Quad de Beckett, à l'endroit où le sol n'a pas été foulé par les comédiens, le vide du contournement du milieu qui forme un carré sur les diagonales (chez moi à Installations et clic sur page 1), en sortant du plan euclidien contraint par ce vide-milieu pour un espace riemannien comme dans les romans de Pynchon.
-
Etrange, cette note, et pas forcément très claire et trop schématique...
Je suis plutôt exigeant en matière de critique littéraire sur la Toile et il me semble que votre "papier" va bien trop vite en besogne, y compris à votre propre endroit et celui de certains de vos confrères, du FFC ou pas...
Pour évoquer tout de même deux des points que vous avez raison de mentionner : mes critiques ne sont jamais anhitoriques et je ne sépare que très rarement mes lectures (et donc les critiques en découlant) de leur contexte personnel.
Un livre est d'abord un livre pour (Pierrre, Paul, Jean, etc.).
Un troisième point encore : je donne, toutes les fois que je le puis, ma vision de ce que doit être la littérature et le fait de le faire m'a fait être traité de tous les noms d'oiseaux dont le plus symphatique est : prétentieux.
-
Pardon, un oubli : comme type d'interaction indispensable (mais douloureuse, mais dangereuse) entre vie et critique, je puis vous suggérer l'exemple de ma dernière note sur les Carnets de Gadenne...
Zut : un autre (oubli). A mon sens, le fait de n'appartenir à aucune communauté de lecteurs et/ou de critiques est une chance : un public vient, commente (chez moi par courriel et FB interposés, parfois lorsque j'ouvre les commentaires, souvent quand je publie des textes de lecteurs...) qui ne partage a priori presque jamais mes intérêts pour les auteurs évoqués et la façon de le faire.
C'est sans doute là une communauté inavouable, cependant beaucoup plus solide et profonde je crois que quelques liens entre blogueurs partageant de semblables passions pour de communs auteurs...
-
Séparer/opposer « les livres » et « la littérature » me laisse circonspect, à moins de vouloir ramener le discours sur la littérature à la seule théorie « dure ». Si analyser un livre, en décortiquer la construction et le « fonctionnement », les jeux d’échos internes, s’arrêter sur une phrase ou un effet de style, n’est pas parler de littérature, qu’est-ce que c’est ?
Naguère, Christian Metz a pu élaborer une sémiologie du cinéma à peu près inopérante en réussissant le tour de force de ne quasiment jamais citer un exemple concret de plan ou de séquence. Personnellement, je n’en vois pas l’intérêt.
« Le blog devrait parler de la littérature et de son avenir ». Devrait ? Cela suppose non seulement un goût mais un talent pour la prospective qui n’est pas donné à tous, mais encore l’assimilation d’un corpus de textes colossal si l’on veut dépasser le niveau des généralisations hasardeuses ou des prophéties à la petite semaine. Et enfin un recul critique et une ampleur de vue qui sont davantage du ressort de l’article de fond ou de l’essai de 300 pages que de la blognote.
Tenant de l’herbier, du carnet de bord et du banc d’essai, le blog est quasiment par nature le lieu d’une écriture du fragment (je crois d’ailleurs qu’au-delà de quatre feuillets, plus personne ne lit un texte sur un écran). Il me semble qu’il faut en prendre son parti, ou bien changer de forme d’expression. Il n’en reste pas moins que ces fragments, mis bout à bout, finissent dans le meilleur des cas par construire quelque chose qui les englobe et les dépasse. La plupart des notes de Tabula rasa, prises isolément, (ne) parlent effectivement (que) d’un ou de quelques livres. Mais ces notes s’additionnent et dialoguent entre elles ; et leur ensemble est porteur d’une certaine idée de la littérature qui court entre les lignes – intéressante a fortiori pour qui vient d’un tout autre horizon de lectures.
Cela étant, il est vrai que la pratique du blog, non liée en principe aux impératifs de l’« actualité », devrait encourager davantage une écriture transversale, la possibilité de multiplier les angles d’attaque sur une œuvre ou un corpus, ou encore la pratique de la micro-lecture.
Quant au fameux web 2.0, aux promesses de l’interconnexion et de l’interactivité permanente de tous avec tous, ne relève-t-il pas de l’auto-illusion, du mirage complaisamment entretenu par des geeks qui s’autocongratulent quotidiennement de la prétendue révolution technologique ? (lisez le blog Transnets et riez un peu). Et de même pour la « communauté des blogueurs », qui n’a pas plus d’existence que la « communauté internationale ».
Quelque soit le support – revue papier ou écran -, un article, aussi stimulant soit-il pour la réflexion, ne suscite pas nécessairement l’envie de le « commenter » séance tenante ou d’écrire à son auteur, ce qui ne l’empêche pas de donner à penser, quelquefois longtemps après sa lecture.
-
Comme disait l'autre : je doute donc je suis ! Et l'on a pu voir, ailleurs, les mêmes causes produire les mêmes effets. La critique est en crise depuis —environ- Aristophane, la philosophie est en crise depuis —environ— Diogène le cynique et le roman, en crise lui aussi, depuis —environ— Cyrano de Bergerac (le vrai) ou Pétrone quant à la poésie, en crise, elle elle l'est depuis —environ— le Qohélet non… Quand la crise va ! tout va. (On ne peut qu'adorer son époque.)
Je me moque gentiment, car je trouve à votre post des mentions et des dimensions intéressantes bien que fort réductrices, en ce sens où vous vous êtes soudain approprié là rien moins que La Littérature non ? Et là, là je dis attention ! Il y a du "Sigma diabolis Fausto" dans l'air, et le bloglitt comme vous dites —pas très sonnant à l'ouïe mais bon!— ne se réduit pas strictement au blog-critique dont vous êtes ? Et quoi ! Que diable Faustus vous n'êtes pas tout solus et le web c'est comme la démocratie : c'est la nuance (j'ai déjà entendu ça quelque part !)
Même si je conçois aisément que tout grand livre porte en lui dose prose et pose de critique… que je sache, nous sommes quelques uns à dire encore Les Lettres non ! Il y a, sur internet, des blogs et des sites où la critique est amuïe sous l'expérience littéraire et la fabrication de textes voire d'œuvres complètes, présentes ou à venir. Et ne m'offusquez pas la fenêtre en me citant le moindre blog poétique d'adolescent ou pire, de vieil adolescent ne voulant pas mourir… Même en Belgique y'a matière mon cher !
Mais passons… Toutes vos questions sont légitimes… et toutes les réponses le seront ; les vôtres et celles des autres ! La comparaison avec la revue est bien vue ! Les blogs naissent vivent et meurent ainsi. Il y eut naguère chez cet autre diablotin de Stalker, la même et tranchante question de savoir si la critique littéraire s'était "réfugiée sur le Net" ? Les commentaires furent nombreux et variés. Mais ce qui revînt sans faillir fut l'éloge d'un adoubement horizontal par le web, à savoir le constat valide d'un réel non-assujettissement des blogs aux pouvoirs de l'argent et de la publicité ! d'un non-alignement avec les petits rois de la presse papier ni leurs thuriféraires patentés(éditeurs/revuistes/agents/
communicants/lèche-bottes et autres renvoyeurs professionnels de cages d'ascenseurs etc… j'en passe et des pilleurs. Cela dit… Là encore ! Je dis attention ! Pas chez tout le monde et pas chez n'importe qui… Il n'y a qu'à voir les blogs déshéraldiqués par de vilaines colonnes de pub débile et/ou labile… Assouline en est le pire exemple. Par ailleurs, même au F.F.C dont je suis l'assidu lecteur, il y parfois de ces relents de renvois un peu scabreux. L'affaire Mathias Énard en étant, me semble-t-il, le parangon.
Bref ! Nous savons bien que le sentiment du libre arbitre nous vient de l'ignorance que nous avons des causes réelles des choses. Mais nous savons aussi qu'il existe des espaces où le doute, la critique voire la littérature peuvent faire acte d'ignorance et se métaboliser, fut-ce sur le Net, d'une transcendance toute horizontale. Tranlitération sans fusion apparente peut-être… mais pas sans communication —au sens vif du terme. Transmutation sans gaz volatil peut-être… mais pas sans échanges gazeux —au sens le plus humoral du terme.
Comme disait l'autre —un autre autre—, je ne vois peut-être pas le vent, pourtant je vois tourner les ailes des moulins… C.Q.F.D
Cordialement,
A.G
-
Oui, je n'ai rien osé dire sur l'affaire Enard, de peur de...
Le plus drôle est que j'ai eu avec l'auteur de Zone, depuis mes deux notes, un échange privé beaucoup plus nuancé que certaines conneries lamentables lues sous les plumes de certains FFqueux...
Dites-moi François, n'est-il pas curieux que vous illustriez par votre silence relatif sur ces commentaires un des travers que vous dénoncez dans votre note, à savoir l'absence de réel dialogue ?
A vous (espérons).
-
Je réponds à Stalker (un film dont les images restent longtemps en nous) qui a toutefois le mérite de dire ce qu’il pense, ce qui ne passe pas "c’est le trop schématique", je garde ainsi ma place d’intrus dans le blog littéraire, peut-être même que je suis une Schpountz.
Si j’ai pris la peine de lire vos pages, êtes-vous allé voir Le Quad de Beckett que j’ai mis tant de temps à penser et à construire, l’exigence littéraire ne peut-elle venir de d’autres disciplines comme les arts plastiques par exemple? Nous commençons comme les enfants par nous tirer la langue mais peut-être que ça peut s’arranger ensuite.
-
Juan, commençons par vous puisque vous êtes visiblement le plus impatient. Etes-vous à ce point prisonnier du mythe de l’instantanéité de l’interweb qu’un silence de 24 heures soit un indice d’absence de dialogue ? Voila qui me semble authentiquement curieux (et croyez moi, il y a de bonnes raisons pour que je ne réponde que maintenant), d’autant plus que s’il y a une chose que je ne fais pas, c’est me présenter en exemple. Pour répondre sur le reste, vais-je trop vite en besogne ? Quelle besogne ? Il y a du bon, du très bon sur les blogs francophone. Il y a très peu (et voila qui s’applique a TR, selon moi) de constance. Mais surtout, il y a un manque. Je donne des exemples de blogs étrangers dont je précise qu’ils ne sont pas majoritaires mais où on trouve des choses qu’on ne trouve pratiquement jamais chez nous. C’est ce vide qui m’ennuie. A moins que vous sortiez des contre-exemples frappants, je ne pense pas me tromper à ce niveau. Il ne s’agit pas de prétendre que tout est mauvais donc, il s’agit de souligner qu’une dimension importante n’est pas présente dans notre blogosphere et qu’une blogosphere littéraire de qualité ne peut pas s’en passer.
En ce qui vous concerne, je pense que vous savez très exactement ce qui me plait et ce qui me dérange dans vos critiques. Puisque vous évoquez Enard, il y a quelques paragraphes dans votre premier texte (je pense que vous voyez lesquels) qui me semblent appartenir a la provoc un peu inutile plutôt qu’a la critique. Et pour continuer sur le sujet, il n’y a qu’un seul papier Zone sur le blog du FFC, j’aimerais savoir, correspondancier, où est le renvoi ? (Juan, j’aimerais beaucoup lire les nuances de ce dialogue…).
Thierry, ce que je retiens de votre commentaire, ce qui est frappant et très juste, est cette observation du blog comme mise bout a bout de fragments qui, ensembles, sont porteurs d’une certaine idée de la littérature.
Pour le reste, je pense qu’il y a maldonne, en partie de ma faute. Ce dont je parle a travers cette séparation livre / littérature de prime abord artificiel, c’est de la pratique un peu trop répandue de prendre le livre comme un artefact, un objet isolé qui ne rentre même pas dans une vie de lecteur. Chaque livre est le premier et le dernier. C’est aussi la manière d’écrire une critique où le premier paragraphe introduit l’auteur, le second décrit l’action, le troisième balance un verdict d’appréciation. Le problème n’est pas tant, dans ce cas, la structure que la pauvreté du contenu. Evidemment qu’évoquer les jeux d’échos internes, c’est parler de littérature !
Le « devrait » que vous soulignez ce lirait mieux « pourrait », mais gardez a l’esprit que ce papier est aussi une harangue dont la cible est moi et quelques camarades. Nous devrions tenter de faire ça parce que, de fait, voila qui manque au panorama francophone. Encore une fois, comme je le répète plusieurs fois dans ma note, il ne s’agit pas de dire que rien n’est bon et que c’est la seule voie.
Pour ce qui est du web 2.0, je crois que ce que je pense des gourous type transmet est évident, il n’en reste pas moins certaines possibilités réelles.
Correspondancier, commencez d’abord par m’expliquer en quoi je m’approprie la littérature. Je ne pense pas faire cela, ni me croire seul, ni omniscient. Je pense souhaiter une façon différente d’en parler, c’est une nuance capitale.
Pour le reste, j’ai répondu plus haut. En ce qui concerne l’assujettissement, je n’en suis même pas convaincu. De nombreux bloggers se laissent séduire par le SP (chic, un livre gratuit). De fait, le blogger de base est plus facile a corrompre que le journaleux de base (un misérable livre vs. un repas ou une soiree de lancement, imaginez les économies…). Mais il y a, cette une évidence, des vrais bastions d’indépendance et de qualité.
-
(Il manque certains accents dans ma réponse, je vous prie de m'en excuser mais j'ai un clavier anglais qui fonctionne très étrangement)
-
J'interviens juste pour signaler que "ça rebondit" chez Bustos : http://lesruinescirculaires.blogspot.com/2009/02/en-reponse-francois-monti.html
(désolé, j'ignore s'il existe un moyen 2.0 de lier son papier à celui de Fausto)
Ou du moins, ça réfléchit aussi.
temporel : le fait de commencer par se tirer la langue me semble très gaulois, comme comportement. Tout cela finira par un monumental banquet, j'en suis certain.
-
François, vous vous focalisez sur Enard, ce qui n'était certes qu'une partie (la plus petite) de mes remarques.
Pour finir là-dessus, je n'ai jamais prétendu qu'il n'y avait pas une part de provocation dans mes notes.
Enard m'a répondu sur FB, distinguant sa lecture de mes deux notes sur son roman de certaines des critiques assez connes (il faut le dire) lues sur certains blogs (notes ou commentaires de notes) du FFC à mon endroit (plus qu'à ma lecture de Zone, pourtant équilibrée pour qui sait lire)...
Et j'allais écrire : encore heureux voyons, si la critique littéraire la plus haute est à mon sens, reprenant le mot de Baudelaire, éminemment partiale.
Sans cela, il ne nous resterait plus qu'à écrire quelques creuses bluettes pour Transfuge...
Croyez-vous qu'une seule revue de France ou de Navarre aurait publié ma longue note où je pastichais (et le pastiche est toujours une forme de compliment...) l'écriture d'Enard pour Zone ? Non bien sûr...
Vous n'évoquez pas les autres points que je soulève.
Je vous ai par exemple fait remarquer que, dans mon cas (je parle de ce que je connais, j'en suis désolé...), je ne retranche jamais un livre non seulement de son contexte, mais des conditions mêmes de sa lecture, dans une sorte d'approche que je souhaiterais contextuelle ou, pour le dire de façon plus savante, phénoménologique.
Cependant, vous pourriez m'opposer un argument subtil : le fait que, parfois, oui, je tente de me débarrasser des données bibliographiques lorsque je lis un roman. J'ai fait cela, dernièrement, à propos de l'immense Nostromo de Conrad... J'avais fait cela pour les poèmes de Trakl dans ma Littérature à contre-nuit...
J'avoue que j'hésite entre ces deux formes de critique, préférant illustrer la "poétique" sur mon blog, la "contextuelle" pour des textes plus universitaires...
Je vais plus loin, je pense que vous avez dû le remarquer : je sonde la littérature, du moins certains des livres d'auteurs que je ne cesse de relire, comme s'il y allait de l'ultime réponse au mystère du monde.
Erreur ? Pose romantique ? Echec assuré ? Sans doute, et alors ?
L'art n'est pour moi, malgré toute la place (et Dieu sait qu'elle est immense, dévorante, implacable, dans ma vie) qu'un moyen, de toucher l'Etre et, j'écris le mot même s'il déplaît dans votre club, Dieu.
Je ne comprends toujours pas deux des griefs que vous adressez à... euh, à la généralité (vous savez comme moi qu'on ne réfléchit qu'en distinguant, votre texte aurait tout de même, quitte à les citer en contre-exemples, gagner à évoquer des travaux de collègues/amis/concurrents, etc.), à savoir la constance et l'absence, si j'ai bien compris, d'un véritable débat intellectuel au sein de la blogosphère.
Constance, il y a nom d'un petit bonhomme, et pas seulement pour Stalker (désolé, mais, encore une fois, je ne cite mon cas que parce que j'essaie, en me les appliquant, de comprendre la pertinence de vos catégories)...
Dialogue ? Oui, c'est plus difficile, en effet.
Je vois plusieurs raisons, dont une que vous n'évoquez pas et qui me semble capitale : en France, les critiques littéraires professionnels, à savoir, donc, les journalistes (les universitaires sont plus rares pour ce qui est de littérature contemporaine, à moins que, comme l'une de mes amies, ils n'écrivent en tant que... pigistes), ne font absolument aucun cadeau aux blogueurs amateurs comme vous et moi.
J'évoquais ce point dans une de mes notes, où d'ailleurs je citais votre excellent travail : pensez-vous vraiment que Pierre Assouline, Didier Jacob, etc., pour ne citer que deux des plus fameux cacographes de la Toile (journalistes par ailleurs) vont DAIGNER admettre que les articles d'un Monti, d'un Bartleby, d'un... qui vous voudrez, sont tout de même, à tous les niveaux (de réflexion, d'écriture, de sensibilité, de pertinence, de correction grammaticale, d'orthographe, de mise en page même, etc.), à quelques bons univers de distance de leurs rinçures ?
Non, ils ne le feront jamais et l'immense marée des médiocres qui écrivent sur la Toile de la critiquette pour Marie-Claire ne rêvent effectivement que d'une chose, vous l'avez dit : recevoir des livres en SP et même faire la bise à quelques vieilles putains du Monde des livres, du FL ou de ce que vous voudrez.
Etre du sérail...
De sorte que ce qui fait l'originalité, la force et, mais oui, le courage de gaillards comme vous, Monti (je discutais... en privé de cela avec l'ami Bartleby il y a quelques heures à peine), c'est d'être SEULS, y compris si vous jugez bon de vous rassurer en appartenant au FFC, qui n'est qu'une coquille vide puisque les meilleurs blogs, immédiatement, se distinguent de ce club et, d'une certaine façon, ridiculisent par leur haute tenue le reste des besogneux.
Mon cher Monti : vous êtes seul, du oins en France parce que les choses ne sont certainement pas près de changer, surtout à présent que NOUS avons quelque peu commencé à grignoter l'empire de toutes ces vieilles badernes qui s'entrelèchent leur derrière parisiano-parisien depuis des lustres.
C'est une guerre.
Comment la gagner ?
Certainement pas seulement par des blogs, aussi bons soient-ils mais en multipliant les passerelles, les tactiques de guérilla : blogs, forums, réseaux sociaux, publications universitaires, revue comme Cyclocosmia ou d'autres, livres publiés, etc.
Pourquoi pas des sortes de notes transversales dont les morceaux seraient publiés dans une série de blogs ? Par exemple une réactualisation de l'Enquête de Jules Huret sur le roman ? Sur la littérature française ? Sur la littérature anglo-saxonne contemporaine et ce qui la différencie de notre production ? Tout cela est à notre portée et il ne tient qu'à vous de désenclaver le FFC, qui commence à mon sens à tourner un peu entre initiés, comme une série non pas d'échos de blog à blog mais de copinage plus ou moins discret...
Temporel : je n'ai rien compris à votre/vos remarques, soyez donc moins allusif car, à force d'instantanéité de la Toile, cela a été dit par François, je perds le sens de choses banales...
-
-
Je lis avec toute attention ce qui se dit ici. J'espère pouvoir y ajouter prochainement, ici même et par ailleurs. Si je ne puis le faire dans l'instantanéité, c'est, malgré toute l'urgence (intemporelle) que peut demander cette discussion (comme toute l'action qu'elle nécessite), que je suis extrêmement occupé. Sache François que me oreilles font plus que traîner, elles sont grandes ouvertes.
-
Bonjour,
Je suis un peu comme le Stalker, j'ai du mal à comprendre vraiment votre note, et je m'y oppose au moins sur deux points. Il existe quelques blogs précieux qui proposent une véritable quête personnelle littéraire. J'ai justement essayé aujourd'hui de publier un papier à ce sujet (en filigrane d'une note sur le "Journal" de Bernanos).
Deuxième remarque : je ne pense pas qu'il y ait un véritable intérêt à méditer la littérature sans réfléchir le monde. J'aime ce mot de Dantec (American Black Box) : "Je n'ai jamais prétendu être un théoricien, mais j'ai toujours su que si je voulais élaborer une théorie de la littérature, elle devait être également une théorie du principe du Monde, et il allait bien falloir que j'élabore, dans la mesure des mes moyens, un passage de l'une à l'autre".
Je travaille, comme certains je pense (je ne parle bien sûr pas des nombrilistes qui sont majoritaires sur le Web, il suffit pour cela de regarder le top des blogs Wikio, affligeant !) à une construction originale, personnelle, développée d'une "bibliothèque de survie".
Bien à vous.
http://bibliogon.hautetfort.com/
-
Cher Fausto,
OK ! Allons-y carrément Docteur : C'est quoi, au fait, un litt blog je vous prie —décidément je n'aime pas cette apocope, ça me fait irrésistiblement songer à chic litt mais passons— ? Ben oui… Après le diagnostique, la prescription ! Après le constat, les propositions vitaminées non ?
Et quoi la littérature ? Sûr que oui mon bon docteur vous vous l'appropriâtes :
"Qu’est-ce que la blogosphère littéraire francophone, ce blog inclus ?" (sic) / "Mais le blog littéraire devrait parler de plus qu’un livre, de plus que des livres. Le blog littéraire devrait parler de littérature et de son avenir." (re-sic) / "Le litblogger français ne s’intéresse pas à la littérature. Il parle (parfois) de livres." (re-re-sic)…
Alors oui je prêche pour ma paroisse. Mais c'est que vous êtes entré à cheval dans mon église. Je vous en demande bien pardon, mais la littérature ne se réduit pas à la critique littéraire ! ça me parait simple cette histoire non ? Voulez-vous un exemple ! OK ! Je vais vous dire : selon moi, il y a plus de littérature dans Auto-fission que dans T.R… si ça vous dit quelque chose ? Loin de moi l'idée de vous balancer en travers du clavier l'antienne monocorde du retour du refoulé —en tout cas pas dans ce paragraphe— ! mais il n'y a pas plus de littérature dans le FFC qu'ailleurs… C'est peut-être triste, je ne sais pas, mais c'est comme ça. Personnellement, pour ce qui est de la littérature, dieu me tripote c'est encore mon libraire strasbourgeois préféré qui le la fournit contre monnaie…
Vous en avez me semble-t-il contre le bavardage, et vous avez raison ? Qui vous donnera tort sur ce point? Le sieur Bartleby reste coit et c'est son droit. Le marginal cyclocosmique se réserve quelques flèches… Mais dites-moi docteur, y sont où mais y sont où mais y sont où ? les gars du FFC ? Ces Freluquets Frileux du Commentaire… Je ne veux pas verser dans la provocation à deux cents, mais tout de même, votre strophe liminale résonne en moi comme une fleur de rhétorique, et la prétérition qui vous y gêne aux entournures de phrases augure de ce prurit anniversaire dont vous vous écartez bien trop sagement. De fait, je pense que vous êtes déçu à la hauteur de vos espérances, et cette future mélancolie se penche déjà dans vos vœux pieux de "réelles présences". Je voudrais redonner ces lettres de noblesses à la communication", écrit quelque part Georges Bataille… Dont acte.
Voyez-vous ! ce que je ne comprends pas au FFC, c'est que pour la plupart d'entre vous, vous vous commentez les uns les autres, et puis basta. Vous ne répondez pas aux visiteurs extérieurs… Pedro Babela même supprimé un post et tous les commentaires attenants au prétexte qu'il s'y voyait tancé gentiment. (Le pompon, ne vous en déplaise à tous, revenant à ce cher Claro qui a certes l'excuse de beaucoup œuvrer par ailleurs mais tout de même…) Je ne parle pas en l'air Fausto ! j'ai cent exemples personnels à vous livrer… À par T.R, A.W et B.L.Y.O… C'est le néant ou presque. Vous avez forgé un Club, et vous avez un esprit de club. Il y finalement une logique à tout cela. Mais ne vous offusquez pas du sentiment d'exclusion douce dont les visiteurs peuvent souffrir ici ou là, se contentant de passer en survolant les blogs littéraires comme des paysages. Et donc tout est encore à faire, oui ! en matière de blog de critique littéraire —B.C.L c'est mieux que littblog—. Pardon de le dire mais la mise en abyme n'étant pas encore devenue péché : notre petit échange sur Cortazar ne rentrerait-il pas précisément dans le carcan de vos vœux comme dans les oubliettes de vos désavœux ?
Alors je sais bien que ça arrachera la glotte et que ça émoussera le stylet à pas mal de monde, mais il y a du bon à se lire et à se dire les petites vérités à plumes de ce vilain petit canard de Stalker… Je sais je sais… moi aussi il m'énerve, mais je le lis avec profit, au loin, comme un navire qui passe, et je ne peux m'empêcher de voir-quelque-chose dans ses propositions pour ici remarquables. Le pire étant toujours sûr, voilà même qu'il risque d'en susciter d'autres le diable, chez vous, chez A.W ou qui sais-je encore… Il y aurait même des modalités électroniques de publication en ligne de tout cela ! un rédactionnel collectif minimal, une mise en page minimale, le tout établi sous forme de Calaméo ou Issu, disponible illico en open- source au format html… Mais bon ! c'est une autre histoire.
Vous me parlez SP et bloggers à la petite semaine et vous avez sûrement raison. Je ne connais rien à ce milieu ni à ces gens. Mais en vérité je vous le dis : l'affaire Énard me semble tout à fait exemplaire ! Vous accepterez du moins, le point de vue d'un lecteur assidu du FFC je suppose ? Mais je n'insiste pas et demeure votre fidèle et reconnaissant lecteur.
Cordialement,
A.G
-
Bonjour
Pas vraiment compris pourquoi un blog "littéraire" serait un blog qui parlerait de livres exclusivement. Certes il y en a des centaines qui répondent à cette définition. Mais il y en a aussi des centaines où des écrivains écrivant s'expriment. A leur façon. Débutante ou brillante. Dans littérature il n'y pas que livre.. Surtout sur le net. :)
-
Juan, il faut quand même pas mal de culot pour me reprocher de me focaliser sur Enard alors que ça ne prend qu'à peine 1/4 de la partie de ma réponse qui vous est directement adressée. De plus, je mentionne cette histoire car vous avez été deux à le faire avant. Passons.
Oui, je n'ai pas répondu à tous vos points. Voilà qui me semble peu surprenant. Une grande partie de votre message consiste à préciser votre pratique. Je ne vais quand même pas commenter ces passages. Après tout, oui, c'est effectivement votre pratique, et, oui, vous savez ce que j'en pense de positif comme de négatif. Pas besoin pour moi d'en rajouter. Le sujet, il me semble, n'est pas vraiment celui de la pratique de stalker ou de bibliogôn. C'est intéressant mais n'ayant jamais mis en doute la validité générale de votre approche, je ne sais trop que dire...
Vous me reprochez les généralités. Ce que vous me reprochez surtout c'est de ne pas décerner des palmes bu bon blog et du mauvais blog. Je comprends que ça ne vous plaise pas, mais honnêtement, ce n'est pas ce qui m'intéresse. D'autant plus, comme je l'ai déjà dit, que le problème n'est pas l'absence de travail de qualité. Sur la constance, eh bien puisqu'il y en a chez vous, dormez tranquille. Il y en avait chez Bartleby aussi, lorsque tous ses papiers tournaient autour de l'atopie. Chez moi, ça va, ça vient et c'est ce que je voudrais changer. Pour ce qui est du débat, je vois que nous nous rejoignons plutôt. Vous mettez d'ailleurs le doigt sur quelque chose d'important à l'heure d'expliquer cette absence: pas de bienveillance des pros envers ces mutins amateurs de la toile. Et les pros qui ont des blogs le font souvent de la manière la plus rétrograde, extension en ligne de leurs colonnes papiers. Mais vous en avez déjà parlé assez régulièrement dans la zone, c'est vrai. En tout cas, ça amène une autre question: pourquoi cette absence assez frappante dans la blogosphère d'universitaires ou d'écrivains? Je n'entends pas par là, Gondolfo, ceux qui créent leurs fictions sur la toile ou parlent de leurs prochains livres. Non, je parle de l'absence d'engagement critique. Comment l'expliquer? En Espagne, on a les espace de VL Mora ou de J.Carrión ou de JF Ferré. Ici, peau de balle ou presque.
Enfin, oui, multiplier les passerelles, c'est bien l'idée.
Correspondancier, je ne comprends toujours pas cette histoire d'appropriation. En tout cas, si je m'approprie quelque chose, je n'exproprie personne. Je ne vois donc pas vraiment le souci.
Pour ce qui est du FFC, lorsque vous essayez de faire tourner un club, vous vous dotez d'outils de communication interne. Dans le dit outil, il y a un fil de discussion évoquant mes insatisfactions. 179 messages. Je ne pense pas que mes camarades aient vraiment envie de se répéter ici ou, puisque c'est bien de ça qu'il s'agit, de laver le linge sale en public. Par ailleurs, je tente de me sentir solidaire de ce qui est publié sur le blog du ffc mais je ne me sens aucune responsabilité en ce qui concerne ce que les ffc members publient sur leurs blogs. Si vous reprochez à Pedrito la suppression d'un message, c'est à lui qu'il faut le dire. Et puisqu'on parle Babel, autant en profiter pour suggérer à tous ces bons messieurs d'aller lire ses trois papiers sur Pierre Senges. Quelques soient vos griefs à son encontre, il me semble que le travail là effectué prouve bien la valeur de mon ami.
Pourriez-vous préciser de quelle façon vous ne vous sentiriez pas exclu? Quel est exactement le problème? Que constitue, selon vous, cette mentalité de club et de copinage qui rejette un peu le membre extérieur? Je vous le demande sérieusement, histoire de voir ce qu'on peut y faire parce que l'idée n'a jamais été de s'adonner à l'onanisme collectif...
En ce qui me concerne, mon regret principal est de ne pas avoir construit plus la communauté et de l'avoir quelque peu détruite en faisant de chaque membre de son embryon un membre d'un collectif.
Pour finir, il me semble assez amusant que ce soit un germanophone qui soit arrivé à dégager la phrase essentielle, à mon sens, de cette discussion: "c'est ce vide qui m'ennuie". De là, en effet, part toute cette histoire.
-
François, c'est donc probablement parce que je ne suis pas germanophone que je comprends de moins en moins le sens de vos interventions.
Passons sur Enard.
Reste que j'ai développé beaucoup, beaucoup de points dans ma longue intervention et que vous ne rebondissez que sur le plus... superficiel !
Passant sous silence l'essentiel, non seulement de mon intervention mais, je crois, de la vôtre, expliquant cet ennui d'une autre façon que par des mots d'ordre privé peut-être, dont je ne sais rien.
Quel est ce point ? La conception que chacun d'entre nous se fait de la littérature.
Tant qu'un débat de fond, enquête virtuelle, série d'articles, ce que vous voudrez, ne se sera pas produit entre plusieurs blogs littéraires et/ou de critique littéraire, chacun continuera à s'amuser dans son bac à sable en regardant les pelles et les seaux des voisins avec convoitise ou indifférence.
Je m'étonne tout de même que vous ne voyez pas cela.
Vous soulevez un point très intéressant, que je n'ai pas évoqué : l'absence d'écrivains sur la Toile et surtout de critiques universitaires. Les premiers s'en contrefoutent ou méprisent la Toile, quand ils n'ont pas, encore plus simplement, rien à dire ou le font dire par un nègre plus ou moins bon et les seconds... Voyons, fréquentez-vous des universitaires, François, surtout des... littéraires ? La première partie de 2666 n'est franchement pas très loin de la réalité de la recherche littéraire en France...
Prétention. Idéologie. Stupidité foncière.
Si c'est le cas (un ou des amis universitaires), ne vous étonnez pas qu'ils ne traînent pas sur la Toile parce que chacune de vos notes va infiniment plus loin que leurs thèses les plus besogneuses...
J'exagère à peine, hélas.
-
Juan, tout ça devient de plus en plus étrange. Vous dites:
"Tant qu'un débat de fond, enquête virtuelle, série d'articles, ce que vous voudrez, ne se sera pas produit entre plusieurs blogs littéraires et/ou de critique littéraire, chacun continuera à s'amuser dans son bac à sable en regardant les pelles et les seaux des voisins avec convoitise ou indifférence."
C'est étrange, parce que c'est cette nécessité de débats et de vrais commentaires de blog à blog qui forme un des points principaux de ma note. Je le dis clairement depuis le début. L'aurais-je dis sans le voir? Vraiment? Aurais-je même écrit cette note si je ne l'avais vu? N'ai-je d'ailleurs demandé, à qui n'était pas d'accord avec partie de mon constat, de me procurer des exemples francophones de ce type de débat?
La différence, sur ce point, c'est que je ne pense pas qu'il soit d'abord nécessaire d'avoir un débat sur la conception que nous nous faisons de la littérature. C'est une question pertinente, mais ce n'est pas une condition sine qua non à l'existence d'une blogosphère littéraire qui débatte et qui rebondisse -- d'autant plus que pour que cette discussion ait lieu, il faut avoir des blogs du type de ceux que je donne en exemple dans d'autres langues. On revient à la case départ?
Cela mis à part, quels sont les points fondamentaux des vos contributions à cette discussion que j'ignore? Vos critiques ne sont jamais anhistoriques, séparées d'un contexte personnel et vous donnez autant que faire ce peu votre vision de ce qu'est la littérature. Certaines de vos critiques ne seraient jamais publiées dans des revues littéraires traditionnelles. Vous hésitez entre la critique contextuelle et poétique, vous sondez la littérature. Je pense honnêtement qu'il s'agit là des seuls points auxquels je n'ai pas répondu directement. La raison en est simple: je ne pense pas que le débat doive se centrer, à ce stade, sur votre pratique. Je la connais et l'apprécie dans une large mesure et elle n'a jamais été remise en question. Je pense avoir répondu au reste, souvent même avant de lire vos commentaires: un certain nombre de vos points recoupent ce que je dis dans ma note initiale -- vous ajoutez certes plus de consistance à mon "schéma", faut-il pour autant que je le signale?
En fait, je n'ai pas répondu à vos multiples points sur la communauté qui se résument malheureusement à quelques piques envers le FFC dont vous n'aimez pas certains des éléments. Pourriez-vous un peu étayer ses accusation de copinages? C'est moins sulfureux que d'être poursuivi par des ânes criant au fascisme, mais ça m'est tout aussi déplaisant. J'aimerais savoir de quoi il en retourne. A mon sens, vous sous-estimez la valeur de certain de ces éléments, mais il est vrai que l'ensemble est souvent inférieur à la somme de ces membres constituants. Je ne vois pas non plus en quoi le fait de ne pas appartenir à une communauté est une chance: tout dépend de la communauté. Et vous faites bel et bien part d'une communauté, en effet, mais elle se joue plus en privé (je pense que la plupart de vos contacts avec des lecteurs se fait par mail)ce qui nous avance assez peu si nous voulons un plus grand débat et une plus grande interaction dans cette "bouquinosphère" (la différence entre terme anglais et terme français est intéressante, tiens...).
Au delà de ça, j'aimerais vous entendre sur les commentaires que vous n'autorisez que très rarement (quelle différence donc entre la zone et une page web, où est le blog?). Et le renvoi vers d'autres blogs? Vous le faites très régulièrement (notamment vers chez moi à plusieurs reprises), mais... Prenons une de vos dernières notes, celle sur Gaddis. Ce fut un grand plaisir pour moi de la découvrir (vous savez mon affection pour Pynchon, vous ne savez peut-être pas ma véritable prédilection pour Gaddis) et je vous remercie de lier vers TR (bien que je me pose une question: pourquoi vanter la qualité des mes évocations de cet auteur si c'est pour renvoyer à une note qui n'est qu'une longue citation? Un petit sarcasme là-derrière?) mais un de mes regrets avec ce type de pratique (qui est aussi mienne, cela va sans dire), c'est qu'il s'agit toujours de féliciter mais rarement de commenter (précisons: vous n'êtes pas spécifiquement en accusation, c'est juste que vous m'interpellez). Ne gagnerait on pas à commenter, en plus de lier? De même, lorsqu'il s'agit de marquer son désaccord, ne gagnerons nous pas à le faire sans ad hominem, sans sarcasme, sans attaques mesquines, comme c'est souvent le cas?
Mon ami germanophone, toujours lui, soulignait l'aspect "vitriolic" de ce débat et c'est aussi de ça qu'il s'agit car ce vide, ce chaînon manquant de la blogsophère littéraire francophone, ne peut être créé à coup de vitriol. Pour ma part, je ne regarde les jouets du voisin ni avec convoitise ni avec indifférence. Nous ne pouvons pas en dire tous autant.
-
François, bien.
Je réponds donc, directement, à la dernière partie de votre commentaire.
Non, il n'y avait aucune intention satirique dans mon lien sur Gaddis mais, plutôt que d'évoquer une de vos notes critiques sur ce grand auteur, j'ai préféré évoquer quelques-une de ses phrases sur le langage.
En général, et vous le savez, je ne me contente que fort rarement d'un simple lien vers Pierre et/ou Paul : il y a toujours un commentaire, au vitriol ou pas.
Vous me faites découvrir des auteurs ou des livres, la moindre honnêteté intellectuelle est que je l'écrive noir sur blanc.
N'était-ce pas d'ailleurs l'intention de ma pique contre une certaine tendance du FFC à systématiquement défendre tout ce qui provenait d'un de ses membres éminents, Claro (lequel ne m'a d'ailleurs jamais répondu directement, au passage), sur le travail de traducteur duquel je me pose quelques questions.
Vous voulez des échanges, des critiques, un dialogue, même tendu et, voyez, vous semblez me reprocher mes quelques critiques sur certaine propension moutonnière du FFC qui, lui, à l'exception de vous, Bartleby et Werli, semble pédaler le nez dans son guidon et n'évoque que fort peu intelligemment et rarement ce qui se fait hors de son enclos, je veux dire, dans la blogosphère française.
Rien de plus, vous savez cela.
Oui, ma communauté est plutôt composée de lecteurs et j'ai de plus en plus tendance à me débarrasser de blogueurs littéraires "historiques" (Cormary, Systar et tant d'autres), que d'ailleurs Stalker avait notablement influencés dans la création de leur propre blog.
Comme vous (je crois), je veux dépasser le petit cadre germanopratin des blogs français (nous sommes si humains, vous savez que, très vite, les considérations littéraires sont polluées par tout un tas d'affects...), avec des traductions, des liens vers des blogs étrangers.
J'ai répondu, une bonne centaine de fois, au reproche régulier, constant, monotone, de ne pas ouvrir les commentaire ou alors de les ouvrir rarement. J'ai toujours considéré que, 9 sur 10, les commentaires sont d'une pauvreté affligeante.
La seule réponse à un texte est... un autre texte. Ainsi, lorsque j'ai lu certaines des critiques ayant fleuri sur Zone d'Enard, je n'ai pas dit : "ouais, trop cool" (variante négative : "ouais, trop naze"), mais j'ai écrit un, puis deux textes sur ce livre.
J'ai ainsi toujours affirmé que quiconque savait écrire, s'il n'était pas d'accord avec moi, pouvait publier CHEZ MOI son texte.
Je vous l'ai proposé je crois et, voyez, catégorie Hôtes : plusieurs dizaines de personnes invitées !
C'est tout de même infiniment plus enrichissant, à mon sens, que quelques commentaires de plus ou moins bonnes foi et pertinence.
Un blog doit être un espace de paroles, de dialogue plus que de commentaires, ceux-ci étant rarement, fort rarement hélas, un dialogue.
Désolé de ne parler que de moi (et encore...) mais Stalker je crois, à bien des égards, peut illustrer la problématique que vous évoquez, pour la simple raison que je me pose, depuis la création de ce blog, les mêmes questions ou presque que les vôtres.
Et que, plus d'une fois aussi, j'ai été tenté de tout arrêter.
-
Je me permets de répondre au dernier commentaire de Juan Asensio, afin de tenter de clarifier certaines choses (je veux : clarifier entre nous) mais croyez bien que c'est comme un tremplin (ou un grand détour) pour retourner à la note initiale de François Monti dont on risque de s'éloigner cruellement des enjeux si l'on ne prend pas garde.
"N'était-ce pas d'ailleurs l'intention de ma pique contre une certaine tendance du FFC à systématiquement défendre tout ce qui provenait d'un de ses membres éminents, Claro (lequel ne m'a d'ailleurs jamais répondu directement, au passage), sur le travail de traducteur duquel je me pose quelques questions."
-- Que Claro ne vous réponde pas, cela le regarde lui et personne d'autre (Mais que vient faire votre parenthèse dans cette conversation ?!). Il me paraît gênant par ailleurs que vous utilisiez le mot "FFC" pour généraliser une communauté de lecteurs tous différents, singulièrement (vous l'avez remarqué à plusieurs reprises), alors qu'il ne s'agit aucunement d'un collectif ou d'un groupe affiché, étiqueté. "Club" est bien plus un jeu qu'autre chose, un jeu auquel nous jouons ensemble sur un blog et qui est indépendant de la communauté fondée par affinités (plus vaste évidemment que le blog FFC), autour de lectures communes, qui, il s'est avéré, ont correspondu pour une grande part au travail de passeur de Claro (en tant que traducteur et éditeur) exécuté avec une passion là aussi et un investissement rare (mais "Claro" n'a pas été la seule raison de cette envie de faire un peu plus ensemble). Claro et quelques autres éditeurs ou traducteurs (citons par exemple Bernard Hoepffner, puisque vous aimez les noms) sont de grands passeurs de littérature anglo-saxonne aujourd'hui, il est difficile de le nier. Claro est part ailleurs écrivain (il dirait probablement qu'il ne différencie pas tant les deux activités puisqu'il "écrit en français du matin au soir") et le plaisir que la "communauté FFC" a eu de lire et apprécier plusieurs de ses ouvrages n'a pas tant à voir avec son travail de passeur qu'avec une oeuvre de littérature contemporaine que nous (dans le "club") apprécions, je dirais, majoritairement. De là à parler de "certaine tendance du FFC à systématiquement défendre tout ce qui provenait d'un de ses membres éminents, Claro" il faudrait faire preuve d'un peu de réserve, s'il vous plaît. Deux jolis contre-exemple qui ne vous plairont sans doute pas seraient les nuances émises par g@rp (sur le blog du FFC même !) au sujet de ses lectures de Jim Dodge ou de Joana Scot, tous deux publiés dans la coll. que Claro dirige au Cherche-Midi, alors que g@rp est généralement le plus impulsif et enthousiaste concernant "tout ce qui prov[ien]t" de Claro, parmi le "FFC".
Pour poursuivre sur le "rôle" de Claro et des affinités qui peuvent en découler, car j'espère que vous pouvez comprendre l'intérêt de son travail bien qu'il soit possible que vous ne l'appréciez pas (le travail, hein) : je suis très heureux de lire Danielewski, Pynchon, Gaddis, Vollmann, Gass et toute une littérature "post-modern" américaine inaccessible au non-anglophone. Par ailleurs, il faut savoir que la moitié du "Club" lit en anglais et n'a pas attendu Claro pour plonger dans ce monde-là.
Sur la communauté, j'y reviens, peut-être manque-t-il de transparence à notre propos, mais il est certain que nous n'avons jamais brandi de bannière sous laquelle marcher ensemble sinon par le plaisir que nous avons eu et avons toujours à lire certains livres, le désir d'en parler ensemble, et éventuellement (le mot est important) de tenter d'en parler un peu moins superficiellement, un peu plus profondément. Mais cette éventualité n'est une fois de plus pas à imputer à la communauté comme entité mais à chacun des membres séparément, et en particulier ceux qui ont l'ambition de franchir ce pas.
"Vous voulez des échanges, des critiques, un dialogue, même tendu et, voyez, vous semblez me reprocher mes quelques critiques sur certaine propension moutonnière du FFC qui, lui, à l'exception de vous, Bartleby et Werli, semble pédaler le nez dans son guidon et n'évoque que fort peu intelligemment et rarement ce qui se fait hors de son enclos, je veux dire, dans la blogosphère française.
Rien de plus, vous savez cela."
-- Personne de ceux qui ont trouvé à se réunir et partager dans le FFC ne s'est jamais posé comme détenant l'autorité de la critique littéraire, ni même une autorité en littérature. C'est plutôt le plaisir, la curiosité, l'envie de partager qui a permis cette réunion, et l'enthousiasme débordant la création du "Club". Je dirais même que cela a été intimidant pour tous à partir du moment où il fallut faire quelque chose de commun (et non de collectif !). Si certains comme Fausto ici sur son blog, ont fait leur auto-critique (ou font régulièrement) afin d'avancer et de vouloir coller mieux à leurs ambitions ou attentes (et celles de Fausto sont d'une exigence rare et impressionnante), d'autres ont, par humilité peu courante aussi dans les colonnes de blogs ou les forums, peu publié, peu réagi, peu dit, mais l'enthousiasme et la passion de la lecture et dans une certaine mesure de la littérature ont apprécié et apprécient toujours échanger avec tous. Vous aimez citer des noms et faire le tri. C'est effectivement nécessaire lorsqu'on veut faire un travail sérieux, exigeant, ambitieux. Il faut dénoncer les impostures, certes. Vous vous attaquez régulièrement à quelques personnalités des "Belles Lettres" dont vous considérés qu'ils parasitent et polluent quelque chose d'important qui est la littérature. Mais vous faites une erreur il me semble lorsque vous en dénigrés d'autres qui n'ont rien demandé à personne, qui lisent des livres et publient leurs notes en toute humilité, avançant à tâtons dans l'immense forêt intimidante de la littérature. Je regrette que vous ne soyez pas plus indifférent à cela (ou ceux-là, disons) car ils ne font de mal à aucune mouche.
Le travail de critique doit aussi avoir une lucidité de ce en face de quoi il se trouve. Reprocherait-on à Marc Levy d'avouer qu'il écrit des romances sentimentales et qu'il accepte de participer à une industrie qui pourrit l'idée qu'on peut se faire de la culture ? Ca ne sert à rien. Je crains qu'il vous arrive de vous tromper de bataille, mais enfin, ce n'est pas ici l'endroit de discuter de votre pratique du blog littéraire critique, je ne devrais pas parler de cela car c'est ajouter à la discussion quelque chose dont elle n'a pas besoin, ce que Fausto refuse intelligemment de faire : décortiquer ce qui est bien ou pas, pire ou mieux, perfectible ou modèle concernant la pratique de l'autre précisément. On peut en tirer de grandes lignes, comprendre ce qui fonctionne ou non, mais j'exagère certainement en m'attelant à ce commentaire si long et ennuyeux pour qu'il intéresse finalement un autre que vous et moi. Revenons donc à nos moutons... qui était une très grande exigence personnelle "envers" soi
"Oui, ma communauté est plutôt composée de lecteurs et j'ai de plus en plus tendance à me débarrasser de blogueurs littéraires "historiques" (Cormary, Systar et tant d'autres), que d'ailleurs Stalker avait notablement influencés dans la création de leur propre blog."
-- Rebondissant sur ce point, j'ose me permettre de remettre en scène cette question que tous ici semble avoir au coeur, et qui est essentielle : qu'est-ce qu'un blog littéraire ? qu'est-ce qu'un blog littéraire critique (parce que Fausto ne fait pas de distinction en "livre" et "littérature" mais entre "parler de livre" et "parler de littérature", à partir de là, déjà, on peut commencer à savoir où on va (en ce sens, je ne suis pas non plus Le Correspondancier dans cette idée de l'appropriation de la littérature dans le texte de Fausto)). Au fond, Fausto demande : que devrait-être un blog littéraire critique ? Non pas que devrait être la critique littéraire (Correspondancier, vous avez raison, c'est une querelle ancestrale) mais interroger simplement, ou déjà, cette pratique de blog. "Ce vide qui m'ennuie" qu'a relevé ghost est certainement essentiel et montre qu'il ne faut pas s'arrêter à cela, qu'il y a une nécessité d'aller plus loin, ou disons différemment. Et même si on ne peut dissocier comme le précise Bibliogôn le fait de parler de littérature et d'interroger le monde, il y a des formes. Ce que propose Fausto, c'est (par l'observation qu'il fait de ce qui se fait (vraiment) ailleurs), et l'interrogation "qu'est-ce que je fais là", de remplir une forme qui paraît assez inédite et regorge de potentialités et nous la concevons encore comme une simple continuation d'une revue ou d'un site. Bref, ce fameux web 2.0 (mythique "réseau", certainement, l'un des plus puissant mythe du XXIe siècle naissant) vers quoi nous pourrions nous diriger mais que notre habitus indécrottable empêche de nous y propulser. Peut-être n'est-ce bien qu'un mythe et nous n'y parviendrons pas. Peut-être aussi qu'il serait bon de changer les habitudes et les pratiques, à commencer par celle que nous avons d'internet et du blog littéraire en particulier afin de mener cette bataille que Juan évoque.
Du moins, c'est ce qu'il me semble avoir compris. J'aurai peut-être eu l'air catégorique et de m'approprier de telle sorte la parole de Fausto, et probablement trop long à répondre à Juan. J'aurai alors en échange une formule bien pauvre pour résumer cet appel d'exigence que Fausto se lance à lui-même et qu'il semble espérer qu'il sera entendu par d'autres qui veulent bien l'entendre (ce qu'a compris par exemple Bustos des Ruines Circulaires) : sur ce fichu internet, pas de catalogue, mais une bibliothèque !
-
Ça rebondit aussi chez dj duclock
En passant, juste un mot : certains blogs, par la froideur du ton employé pour parler littérature, ou "bouquins", offrent au visiteur de passage l'image d'une copie virtuelle de ce que l'on trouve déjà sur papier...glacé.
Davantage d'enthousiasme, justement [merci Antonio de me tendre cette perche], ne ferait pas de mal.
Puisque ces notes/notules/papiers n'ont aucune chance de se retrouver dans un quelconque magazine littéraire (quelqu'un l'a dit ici), pourquoi en adopter le style, la raideur ?
La rigueur, oui, pourquoi pas, la raideur : non.
Mais ceci n'engage que moi dont la seule ambition est de donner envie de lire ce que j'ai pu aimer.
Est-ce grave, docteur ?
-
Bonjour.
Une forme de réponse à certaine de vos interrogations, bien évidemment ironique et polémique, dans ma dernière note.
-
Tout ça ne me dit pas si je suis de droite ou de gauche, dans cette histoire. Ou de quel bord est ma pratique de la critique.
-
Exceptionnel. Vous êtes trois et vous parvenez à imaginer une querelle de tendances.
Sur le fond, je pense comme d'habitude qu'il faut étudier les fins avant de déterminer les moyens. Pourquoi M. lambda écrit-il des critiques ? Pour poursuivre sa réflexion et mieux se souvenir de ses lectures (intéressant à petite dose) ou pour pousser d'autres gens à lire le bouquin et attirer l'attention de ceux qui l'ont déjà lu sur certains points (bien plus intéressant) ? À la réflexion, rares sont ceux qui ressortissent à l'une des deux catégories, la majorité des critiques (du web comme de la presse) n'écrivant que pour satisfaire leur plaisir, qui est de paraître exceptionnellement intelligent et perspicace et d'exposer la qualité et la hardiesse de leur goût. Ensuite, parmi les rares personnes qui cherchent à *partager* (et non exposer) quelque chose, à peu près tous se prennent pour la réincarnation de Barthes ou de Derrida et écrivent des textes d'un ennui abyssal, mais surtout totalement à côté de la plaque. J'en viens à me dire que la majorité des critiques n'ont strictement rien compris au roman, à ses enjeux et surtout à sa technique. Car le roman, à l'instar des autres arts, est avant tout une question de technique (capacité à atteindre un but esthétique - génération d'une émotion accompagnée, pour le roman, de réflexions - préalablement fixé, de préférence grâce à des moyens novateurs). Ainsi, tout ce qui n'a pas trait à l'histoire, aux personnages, aux émotions retirées et aux leçons apprises par la mise à nu d'une vie est étranger à l'œuvre : c'est de la branlette intellectuelle (et partant, tout roman n'exposant pas ces éléments ne vaut pas une dalle). Vient enfin le dernier point, celui du style même de la critique : elle doit être elle-même une œuvre d'art, c'est-à-dire qu'elle doit avoir une identité, un objectif et qu'elle doit emporter l'émotion plus que la raison. Il faut qu'on découvre derrière cette critique une vision singulière du monde et de l'art. Le reste, laissez-le aux thésards et aux historiens.
-
C'est tout un programme que vous proposez là!
La difficulté d'éviter les foires d'empoigne telles qu'il y en a chez Passou a été relevée à de nombreuses reprises, et est due en particulier au fait que celui qui émet une idée n'a que le texte pour le faire - sans intonations de voix, sans expressions de visage ou de mains pour modérer un propos trop abrupt ou quoi que ce soit. Résultat: ça dégénère tout de suite, pour peu que le locuteur n'y prenne pas garde. Solution? Se rencontrer en vrai... mais du coup, on sort du support blog pour le (nécessaire, utile) débat.
A noter aussi, sans doute, que les débats sont exacerbés parce que les blogs et forums, a priori, rapprochent des gens aux intérêts similaires. Résultat: si un intervenant arrive avec d'autres idées, la réaction sera d'autant plus vive.
Allez, sur ce, je vais explorer votre blog. Si tous les papiers qu'il contient ont la même tenue que celui-ci, ce sera une adresse à noter. Merci et bonne journée!
-
Gadrel, vous qui semblez avoir tout compris au roman qui est, avant tout, technique (ah bon ? A peu près aussi con que de dire qu'une maison est avant tout : toiture, maçonnerie, murs, etc.), donnez-nous donc un lien pour que nous puissions juger, sur pièce, ce que valent vos propres textes.
Quoi, vous n'en avez pas ? Alors il me sera facile de vous rétorquer que la seule prétention que j'ai lue, ici, concerne avant tout vos propos.
Un point tout de même, rejoignant quelque peu ce que j'avançais : oui, une critique qui ne tente pas d'être, à sa façon, à la hauteur de l'oeuvre qu'elle commente n'est rien de plus qu'une branlette journalistique, sur papier ou sur écran...
-
Cher Gadrel, je crois que l'interrogation de Fausto est bien d'abord d'interroger ses fins (ce que je rappelle aussi, et qu'on pourrait résumer à cela : "qu'est-ce que je fais là) MAIS spécifiquement dans les moyens utilisés ici même, à savoir le blog littéraire critique. Fausto ne veux pas dissocier les deux ou en rendre un plus important qu'un autre, et moi non plus. Il s'agit particulièrement d'interroger le "blog de critique littéraire" et non, plus généralement, le blog, la critique, ou la littérature.
Par ailleurs, la primauté de la technique sur "autre chose" dans l'art ou la création est une question qui mérite discussion plus large, et ce n'est pas forcément le sujet du fil.
-
Gadrel, j’attendais ton apparition. Elle est tardive, mais elle est là. Très bien.
Querelle de tendances ? Il n’y a aucune tendance jusqu’ici, le contraire me semble même excessivement clair. Ce n’est pas de ça qu’il s’agit et tu le sais bien mais j’imagine que tu avais besoin d’une entrée en matière tonitruante.
Je crois que ta typologie du critique online pourrait être juste si tu ne lui donnais l’apparence d’une imperméabilité entre catégories. Je pense qu’on sera beaucoup à avoir un peu des trois, la pertinence de ces petites cases devient donc très limitée surtout en ce qui concerne ceux pour qui, comme c’est le cas dans cette discussion, la motivation de type 3 est largement minoritaire.
C’est très bien de dire ensuite que la majorité des critiques n’ont rien compris au roman, encore faut-il montre que tu y as toi-même compris quelque chose. Je comprends bien sûr que tu donnes un sens plus large à technique que son sens traditionnel, je ne répondrai pas sur ce point mais par contre ce que tu dis est assez révélateur d’une personne figée sur une conception du roman qui est venue tardivement et ne s’est imposée que temporairement. Tu sembles toujours défendre une position très 19eme, l’âge d’or du roman réaliste, et considérer que c’est ça, et rien d’autre, le roman. Pourtant, le roman a une longue histoire qui ne se conforme en rien à ces canons esthétiques. Libre à toi d’avoir une prédilection pour ce genre d’œuvre mais en venir à donner des leçons sur ce qui est ou n’est pas branlette intellectuelle est plutôt amusant.
Enfin, je ne sais pas si la bonne critique est une œuvre d’art mais, oui, elle doit tenter de s’élever, autant que faire ce peu, à la hauteur de l’œuvre. Ce qui revient presque à dire que la vraie critique n’existe pas.
-
Stalker, je vois que vous avez compris à qui était adressé "l'ennui abyssal". C'est bien. Maintenant à vous de jouer.
Tabula, trois choses :
1° merci de m'avoir répondu, ça faisait longtemps que ce n'était plus arrivé ;
2° je profite de l'événement pour te demander si tu sais où je pourrais trouver "Shuren the Fire", "Six month at outside stairs" et les albums de Tha Blue Herb ? Je ne les ai pas trouvés sur le medium où nous nous sommes une fois croisés ;
3° je pense que tu te focalises sur mon goût pour le XIXème afin de discréditer à l'avance mes propos sans prendre la peine de les analyser, tombant dans la facilité de l’étiquetage "réac de service". Or il n'en est rien, d'abord parce qu'à ta différence je lis ce que lit mon ennemi juré artistique (c-à-d toi), ensuite parce que la littérature telle que tu l'apprécies est née vers 1950 dans un milieu circonscrit, ce qui revient à pousser le XIXème bien plus loin que ne le ferait un astronome, enfin parce que l'art poursuit un but objectif et non subjectif et que la vérité qui en découle est éternelle. Certaines formes artistiques sont donc irrémédiablement fausses et dépassées (j’utilise ce dernier adjectif, même s’il n’a pas de sens pour moi, car je sais qu’il en a un pour toi et que tu vois la littérature comme une suite de mouvements en progression, également valables et à juger à la pièce), quand bien même elles dateraient d'aujourd'hui. La proximité temporelle d’une œuvre n'a rien à voir avec son caractère contemporain, qui consiste à toucher un lecteur hic et nunc. Je pense que tes principales préoccupations, ce fétichisme du style et de la subjection (néologisme couvrant les notions d’abjection et de subjectivité) au détriment du monde et de la raison (ce dernier terme ne signifie pas que tout ici bas est réglé comme du papier à musique mais que le monde est compréhensible), sont un gigantesque cul-de-sac artistique qui repose sur une escroquerie intellectuelle que les disciplines scientifiques ont dénoncées il y a bien longtemps, sans même parler du solipsisme infécond et déprimant qui en découle. Après tous ces gros mots, j’espère que tu vas bien car ça fait quand même un bout de temps que nous ne nous sommes plus vus.
-
Gadrel, faites le malin autant qu'il vous plaira mais, ma foi, un point cloche dans votre petite démonstration de khâgneux (même pas, de polytechnicien plutôt) perclus : où sont vos textes, dans lesquels vous nous exposeriez bien sûr votre propre (la bonne) conception du roman ? Je ne vois absolument rien.
Si donc vos petites tirades ne sont ici que la résultante d'une prétention comique : bouclez-la, voici deux mots qu'un dix-neuviémiste comprendra aisément.
Je n'aime pas tout ce que lit François, grands dieux non : mais réduire l'empan de ses choix à d'aussi creuses catégories qui plus est inopérantes, comme vous le faites, vous place je crois, de toutes façons, à quelques solides coudées en dessous de son talent, même si le sien semble plus "déraisonnable" que le vôtre. Tant mieux du reste.
J'ai ri aux éclats en lisant votre tirade finale : non seulement matheux mais en plus boutonneux et probablement puceau...!
Décoincez-vous l'ami, car enfin, une simple intrusion, mais sérieuse et sans grands mouvements ridicules des bras, dans la littérature non seulement du 19e mais de presque tous les autres siècles sans doute, démontre, si besoin était, que les choses sont infiniment plus compliquées et subtiles (heureusement) qu'elles ne le sont telles que vous les déformez derrière vos carreaux de besogneux : autrement dit, que le monde n'est pas si compréhensible que cela, ou alors qu'il ne l'est qu'au travers de multiples points de vue. Pas besoin d'attendre ces horribles auteurs nés en 1950 pour remarquer la "modernité" (terme à la con : préférons-lui celui de contemporanéité, au sens où Kierkegaard employait ce mot) du Quichotte ou de T. Shandy...
Tiens, je viens encore de relire votre intervention : l'art poursuit un but objectif...
Mon Dieu, que la très Sainte Inquisition nous préserve des illuminés...
Au fait, nous n'avançons guère quant aux questions lancées par FM.
-
(C'est Borges qui faisait remonter la modernité à Homère, non ?...)
-
Eh beh, je m'en vais deux jours et je vois que ça s'enflamme ici. Laissons déjà tomber les insultes, merci.
Gadrel, je réponds toujours quand ce qui est dit est intéressant ou interpellant. Tires-en les conclusions...
Pour le point deux ou quatre, tu as mon mail mais comme j'étais de bonne humeur il y a 30 minutes encore (rien à voir avec cette discussion), je vais me souvenir de cet état d'esprit et te dire: oui, ça va bien, soulseek ou ma collection de cd's.
Pour le point trois, qui est bien sûr le plus important, il ne faut pas me reprocher de me focaliser (...) pour discréditer. Je me focalise parce que tu as le goût des réductions, je réduis donc aussi. Je ne tente pas de discréditer, je souligne un fait. Si tu vis la mention de tes prédilections comme un étiquetage, ce n'est pas vraiment de ma faute et il me semble de toute façon évident que ces goûts sont forts liés (pour ne pas dire déterminent) ta vision du roman, comme tes propos le démontrent. Alors bien sûr, tu lis parfois ce que j'aime mais comme nous le savons tous deux, tu t'arrêtes la plupart du temps vers la page 50 des textes que tu n'aimes pas... Est-ce vraiment lire?
La littérature que j'apprécie n'est pas née vers 1950. Elle est au moins née en 1532, avant de renaître en 1605, en 1760, 1944, 1955, 1972, etc.
Si certaines formes sont irrémédiablement fausses, encore faut-il savoir pourquoi, en quoi et surtout si la vérité, tu la détiens toi. (Dépassé n'a pas tellement de sens pour moi non plus: ce que je critique n'est pas une forme mais la façon hautaine dont tu déclares qu'elle est seule valable et que le reste ne vaut pas tripette, te trompant totalement sur les soucis esthétiques ou littéraires des gens qui aiment les textes que tu n'aimes pas. Je ne crois pas au progrès, je m'intéresse bien plus à l'évolution des formes littéraires, mais passons...)
J'aime beaucoup ton néologisme, même si ne suis pas certain de comprendre ce que tu veux lui faire dire. Je pense aussi que tu te trompes lorsque tu dis que mes préférences vont à l'encontre du monde et de la raison, quand j'ai déjà dit mille fois qu'une bonne partie des textes que j'aime disent le monde d'une façon bien plus convaincante qu'un roman traditionnel et réaliste. L'imposture est bien de croire que la réalité est linéaire, que tout s'explique instantanément dans un monde dépourvu de doute et de soupçon. Tout ça ne veut pas dire que le monde n'est pas compréhensible mais que si le roman essaie de le rendre compréhensible en le présentant clair comme de l'eau de roche, c'est une vaste blague.
-
Whaou ! Vous mettez la barre très haut !!
C'est une bonne chose de vouloir élever le débat, le niveau de la blogosphère littéraire et tout cela. J'espère que nous n'avons que ce que nous méritons, sinon, à en croire les débats fertiles dans vos commentaires, nous nous dirigeons vers une crise ;)
Au passage, comme cela a été souligné dans un commentaire, vous pouvez vous exclure du marasme auquel je contribue (faute de moyens intellectuels, faute de temps, faute de compétence, dans le désordre, ou pas) car les articles du FFC sont généralement d'une grande qualité et bien travaillés, que l'on soit ou non en accord avec votre pensée.
Vous êtes en tête de locomotive, vous êtes moteur, c'est vous qui tirez les blogs vers le haut : comme le disait un dialoguiste célèbre dans un film sentimental, "à grand pouvoir, grandes responsabilités".
-
Salut François !
Je pense, tout simplement, que le blog n'est pas du tout adapté à ce que tu propose. Un blog est avant tout un pré carré, un espace "propriétaire", donc impropre à la discussion et au débat. Le propriétaire du blog est toujours le maître chez lui, il a toujours le dernier mot. La discussion est donc forcément avortée.
Non, il faut un espace public, un espace collectif, partagé et modéré. Finalement, le FFC en est une tentative, mais à demi ratée, et la faute en est au format "blog", 2.0 (ce qui ne veut pas dire grand chose), ou non.
Il faut imaginer autre chose.
Je pense naturellement au projet "Wikipédia", dont, à mon sens, il faudrait s'inspirer.
Imagine : des articles écrits collectivement, avec des renvois intégrés, des possibilités de débats publics (et non "privés" comme sur un blog, puisque l'espace appartiendrait à tous.
Maintenant, il s'agit d'un projet d'envergure, qui nécessiterait beaucoup de moyens.
En tous cas, ce que tu visualise ne pourra jamais passer par un blog ou par tout autre espace "propriétaire".
En tous cas, ta réflexion est tout à fait pertinente.
Amitiés
Manu
-
Bon ben A l’heure des réseaux sociaux, je crois que le mieux est d’aller vers la collaboration. Un blog de blogs réunissant tous nos efforts sur un seul espace, libraires et lecteurs ça ferait quoi ? Un blog des blogs qui chercherait à faire partager son plaisir, à s’amuser et pas a vendre! Un blog à double sens ! Vous savez les « clients » nous apportent beaucoup, les échanges sont toujours payants.
-
Et je vous mets le même billet que j'ai mis sur "les ruines circulaire"
De par ma profession, (hé oui, libraire) je navigue pas mal et surtout sur les sites en langue espagnole, qui, pour certains, ouvrent des horizons nouveaux.
Et je viens jeter le pavé dans la mare….
Je ne suis pas critique littéraire, je leur laisse cet honneur, (d’ailleurs bien souvent ils m’ennuient et ne me font pas lire les livres qu’ils commentent, dommage d’ailleurs) mais simplement une lectrice fiévreuse depuis ma naissance, je suis née dans les livres, mes parents étaient libraires! Dans tous mes déménagements la seule chose que j’ai emmenée avec moi, ce sont mes livres et mes disques. Pourquoi ? Parce que ce sont mes rêves et mes vies, mes découvertes, qui sont dans ma bibliothèque. Les amis qui m’ont accompagnée à travers les âges dans les divers moments de vie. On n’abandonne pas ses amis.
A force de vouloir tout décortiquer on perd de vue la fonction première du livre :
C’est tout d’abord quelqu’un qui nous raconte une histoire ! Et on choisi ses auteurs comme on choisi ses amis. Parce qu’ils parlent à notre cœur, à nos sens, nos sentiments, nos frustrations ou désirs. Ils nous consolent ou nous font rire, nous ouvrent des horizons nouveaux des mondes insoupçonnés que nous n’aurions jamais vécu sans eux, ceux de la grande variété de l’esprit humain.
Nous sommes contenus dans ce moyen d’expression parmi tant d’autres, Je ne crois pas qu’il y ait l’AUTEUR, le LIVRE et le lecteur, mais que nous ne formons qu’un seul collectif.
Internet n’est qu’un nouveau moyen mis à notre disposition. Utilisons-le il est ce que nous en ferons !
Votre liste est très jolie mais elle est (pardon, ne vous fâchez pas) froide.
Oups ! Comme dit Google, j’ai encore trop parlé
-
Ca y est, c'est reparti, l'éternelle tarte à la crème (passée) de l'écriture collective, du "débat participatif" et autres sornettes qui nous cachent plus ou moins la risible pétition de principe selon laquelle l'auteur est mort (ou alors nous sommes tous des auteurs)...
Bin si justement, zut alors (François a bien raison : restons polis) : il y a le livre, son auteur et celui qui le lit, et ces trois petites choses de rien du tout sont suffisamment immenses et mal explorées pour que nous ne nous lancions pas, avec notre gourde et notre machette, sur des terres aussi plates que le mythique royaume de Flatland...
-
Manu, je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas adapté au blog, j'ai quand même donné des exemples qui fonctionnent très bien! Oui, le proprio a toujours le dernier mot mais le proprio n'est pas nécessairement un despote. Le problème est donc lié à la façon d'exercer ce "pouvoir", pas au pouvoir en lui-même.
Je crois que là-dessus le désaccord est fondamental et qu'en fait c'est la vision d'un espace purement public comme tu le présentes qui est utopique..
Sonieta, merci de votre commentaire. Je pense que nos pratiques de lecteur sont assez opposées, ceci dit.
Juan, je ne serais pas aussi sévère que vous avec les projets d'écriture collective etc, mais oui, dans ce cas-ci il y a d'étranges relents de flower power online. Tarte à la crème.
-
Je suis d'accord avec toi : il y a des exemples qui "marchent". Mais cela reste forcément dans une forme de pré carré. ça ne peut que tourner en boucle, à l'usage.
Dans un espace privé, le seul mode de fonctionnement possible et de fait, est la dictature (qui peut être bienveillante, certes). On ne peut donc imaginer une issue autre que celle imposée au final par le ou les propriétaires.
Je ne vois pas en quoi la création d'un espace littéraire public est utopique. La réussite de certains projets tels que Wikipédia démontre le contraire.
Explique moi en quoi cela peut marcher dans le domaine encyclopédique et pas dans le domaine littéraire, parce que là, je ne vois pas.
Il suffit de déterminer des règles (chartes par exemple), de tracer les modifications d'articles, de se doter d'une modération appropriée.
-
Je ne suis pas certain que je qualifierais Wikipedia de réussite. C'est une espace utile, j'en conviens, mais c'est aussi une énorme poubelle où le vandalisme, les guerres politiques, la désinformation sévissent parfois des mois sans que personne ne résolvent des guerres d'édition ahurissantes. j'utilise le site mais j'en suis un peu revenu aussi.
La dictature comme seul mode de fonctionnement d'un lieu privé, à moins d'avoir une définition étrange et étendue de la dictature, c'est juste faux et certainement pas le mode absolu de gestion.
-
Il est évident que Wikipédia a des défaut et des problématiques a résoudre... Maintenant, au vu de son rayonnement et de la grande qualité de ses articles dans un certain périmètre (disons, le périmètre d'une encyclopédie classique) fait qu'on ne peut qualifier cette entreprise d'échec.
Un espace privé tel qu'un blog, oui, ne peut fonctionner que sur un mode dictatorial s'il est purement personnel (comme tabula rasa) ou oligarchique s'il est partagé (comme FFC). Cela n'a rien de péjoratif, d'ailleurs, dans ce cadre là. Tu es maître absolu de Tabula Rasa, libre de supprimer ou de ne pas accepter les commentaires, de le fermer, d'appliquer toute la censure que tu estimes nécessaire de manière unipersonnelle. Tu fixes les règles et les limites qui te chantent sans consulter personne. Ce n'est pas péjoratif, c'est un fait, et cela ne peut fonctionner autrement.
Ce que tu souhaites n'est pas compatible avec le blog, ne t'en déplaise, mais avec un espace public, ouvert et partagé, oui. Possible dans certaines limites, bien évidemment, et avec certains travers, je te l'accorde.
-
L'extension d'un tel concept à un espace de ce type est totalement abusive. Pourquoi ne pas aller plus loin, affirmer que l'espace privé est par essence dictatorial, l'espace public démocratique? C'est tentant, mais c'est faux.
Mais bref, ce n'est pas l'objet, concluons juste qu'il s'agit en effet d'une dictature. Nous sommes ici au 47eme message d'une note qui a été répercutée et discutée sur quatre autres blogs. N'est-ce pas là le type de réactivité que j'évoque depuis le début et dont on me dit qu'elle est impossible? Force de constater que c'est en fait possible bien que doté de travers (je pourrais tout foutre au bac mais je ne le fais pas) et de limites (certains lecteurs ne se sentent peut-être pas assez à l'aise pour contribuer). Note bien que ces limites et travers sont d'application sur un espace participatif aussi et qu'au bout du compte, wikipedia a aussi un propriétaire (Wikipedia Foundation Inc.) qui pourrait bien décider un jour d'éteindre la lumière. Projet participatif mais dictature, donc?
-
L'hébergement de Wikipédia a un propriétaire, pas son contenu. C'est une différence de taille, non ?
Je peux si je le souhaite et que j'en ai les moyens, dupliquer Wikipédia, par exemple, sans m'exposer à aucun problème de droit.
Tout ce qui est publié sur un blog est, sauf mention expresse de l'auteur, soumis au copyright.
Si demain tu décides de fermer TR (et j'espère, en tant que lecteur régulier, que cela ne se produira pas), nul n'aura le droit de récupérer son contenu pour le mettre ailleurs.
Et c'est un vrai problème. Cela fait que tout ce qui est publié sur un blog n'est pas pérenne et ne peux pas l'être puisque dépendant d'une seule personne. Si tu meurs demain, tout ce que tu as écrit ici est perdu pour toute la communauté.
-
Sur auto-fission, il y a une icône creative commons. Tu te rends compte qu'il suffirait que je la mette ici pour que ce que tu dis soit nul et non avenu?
Par ailleurs, le copyright n'est un problème que si je décide de l'exercer.
J'ai un peu l'impression qu'on est en train de couper des cheveux en quatre, là.
-
Stalker,
Ce que j'aime dans le web, c'est qu'on peut insulter des gens qu'on ne connaissait pas dix minutes avant et qu'on aura oubliés dix minutes après. À la réflexion, c'est également ce que j'apprécie dans la conduite en ville. Toutefois, ce plaisir ne vaut que s'il est court. Rapidement, la fatigue nous prend, transformant en corvée ce qui était au début une joyeuse dépense d'énergie. Bref, imaginons que je viens de démarrer en vous adressant un doigt d'honneur ludique. Vous pouvez continuer à fulminer dans votre habitacle, mais heureusement je ne vous entends plus.
Tabula, merci pour Soulseeker ! Tu as embelli ma journée.
-
Je n'ai pas tout lu (étais-je de mauvaise humeur ?), c'est que le format "roman-fleuve" pour un billet est assez indigeste. C'est comme parler du téléphone portable en utilisant le morse, bref, je passe sur cette contradiction.
Dire :"Le blog littéraire devrait parler de littérature et de son avenir. Il devrait être un espace de réflexion critique et théorique". Et les écrivains, alors ? A quoi vont-ils servir ? A suivre et s'adapter comme de braves petits soldats ? Parce que la LUMIèRE viendra du blogueur éclairé ? Bref, je passe, deux fois.
Mais dire que les blogs littéraires ne peuvent pas constituer un endroit propice aux débats ??? Où est-ce qu'il y en a, des débats ? Je veux dire, avec des gens qui s'écoutent et se répondent "pour du vrai" ???
C'est un bien mauvais procès de reprocher à une forme (le blog littéraire est une forme, pas un fond) les défauts de l'humanité qui la fabrique.
C'est comme si je reprochais à un présentateur TV son manque de naturel (c'est vrai, ça, pourquoi ne se curent-ils jamais le nez en public, hein ?).
La dernière fois que j'ai vu un débat, un vrai débat, autour d'idées en marche, c'était... ben j'étais pas née. Les derniers échanges que j'ai suivi étaient noyés par le clinquant des egos qui ferraillaient. Bataille d'orgueils.
Bref, je ne suis pas contente d'être venue. A moins que je sois juste de mauvaise humeur...
-
De plus (oui, je sais, je suis obstinée quand j'ai une idée) cette façon de ne pouvoir parler d'un livre qu'en exposant la genèse de la création du mouvement littéraire qui que etc. c'est nier qu'un livre doit ouvrir des portes. C'est une façon de voir la parole autour de la littérature comme réservée à une élite de "ceux qui savent". Je préfère de très loin rencontrer un billet qui me dit "il faut lire ça, ça n'est pas commun, des questions sont posées" à un exposé brillantissime ou celui qui expose sont point de vue s'acharne à démontrer comme il est intelligent dans ses mises en perspective.
C'est en fait une question de "résonance" de la littérature. Veut-on qu'elle nous aide à traverser le monde ? En ce cas, elle doit être offerte à tous. Et la parole autour d'elle doit être ouverte, le plus possible.
Veut-on qu'elle hiérarchise, qu'elle opère un tri entre ceux qui savent et ceux qui ne savent pas ? En ce cas, elle le fera, mais ceux qui la détienne se retrouveront seuls sur leur île et se dessècheront comme de vieux pruneaux.
Voila voilou.
-
Pfft. J'ai fait plein de fote d'ortograff.
Ce qui prouve bien que je ne suis qu'une prolo de l'écriture, donc. :-)
-
pagesàpages, préciser d'entrée que vous n'avez pas tout lu donne une assez bonne indication des raisons qui vous font mettre dans ma note des choses qui n'y sont pas. Couvrons-les rapidement...
1) Votre commentaire sur les écrivains qui seraient condamnés à suivre les lumières du blog est un non sequitur incompréhensible. Cette conclusion ne repose sur rien de ce que j'ai écrit. Si faire un travail critique réel met l'écrivain au chômage, ça se saurait depuis longtemps.
2) Je ne fais aucun procès à la "forme", je le fais à certaines pratiques de cette forme. Si vous n'avez jamais eu l'occasion de voir un débat réel depuis votre naissance, vous m'en voyez bien attristé mais notez juste que je vous propose, dans mon billet, quelques liens où la discussion n'est pas une bataille d'egos. C'est donc possible.
3) Je n'ai jamais dit qu'on ne pouvait parler d'un livre qu'en exposant"la genèse de la création du mouvement" etc. J'ai d'ailleurs bien dit que non seulement cette histoire de contexte était aussi celle d'un contexte personnel (c'est à dire pas de notre propre expérience non conventionnelle de lecteur, plutôt qu'austèrement académique), mais qu'en plus il y avait d'autre façon de faire parfaitement légitime et qu'il s'agissait d'un souhait personnel de combler un vide particulier à la pratique francophone. L'élitisme n'est pas un gros mot (même si dans le sens que vous semblez lui donner, il en devient un) et de toute façon, ce que j'ai réellement écrit (et que vous avez top incomplètement lu) n'en ressort pas.
Pour le reste, sous-entendre comme vous le faites avec votre faible analogie morse / téléphone portable (ne parlons pas de celle du présentateur tv) que le blog n'est fait que pour le format court est une erreur totale. Il se peut que vous ne lisiez que des billets courts, c'est un choix mais ce n'est pas le cas de tout le monde.
-
Pour pageapages entre autres
Ben ça alors !
J'ai bien aimé le billet de pageapages ! en fin quelqu'un qui dit bien mieux que moi, ce que j'ai déja exprimé dans un autre billet sur cette page.
Du coup je suis allée voir, et bravo, on a envie de lire tous ces billets allèchants.
Je me répète : la lecture c'est avant tout une rencontre, un plaisir, une amitié... n'en faisons pas des commentaires sous forme d'exercices littéraires!
-
Pardon,
je ne suis pas anonyme! j'ai fait une erreur. Je suis le n° 40,41, et 55!
Sonieta
http://librairieespagnole.blogspot.com
-
Merci Sonieta ! (je suis allée chez vous, quel dommage que je ne parle pas espagnol !!!)
@Fausto Maijstral : vous dites : "Si faire un travail critique réel met l'écrivain au chômage, ça se saurait depuis longtemps."
Ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai dit que ce n'était pas - à la source - à un critique de théoriser sur la littérature. Un livre est la rencontre d'une voix dans une oreille, et c'est la "théorie" de l'écrivain qui doit résonner dans l'oreille du lecteur, pas l'inverse. Sinon, c'est une histoire de charrue et de boeufs bien connue.
Je suis ravie de savoir que des lieux de débats existent. Je pense ne pas les avoir (encore) rencontrés, car je suis arrêtée par de petits détails, sans doute, mais des détails assez forts pour me donner à penser que celui qui parle cherche d'abord l'admiration de son interlocuteur avant la correcte passation du message qui l'anime.
(en aparté : quand vous employez, par exemple, l'expression "non sequitur" pour me répondre, j'assimile cela à de la violence symbolique, une pratique employée pour réduire celui avec lequel l'échange se fait à un rang d'infériorité intellectuelle. Utiliser une locution latine (à part peut-être alea jacta qui est en pratique connu de tous) dans un dialogue n'est pas anodin. Cela sous-tend un "je porte la voix de la connaissance qui m'habite". Cela ne dit pas "parlons d'égal à égal, d'humain à humain, sur un pied d'altérité respectable, autant pour l'un que pour l'autre. Et, si ! L'élitisme est un gros mot. Dans tous les cas. Je suis bien aise de voir cependant que vos propos n'en assurent pas la promotion.Fin de l'aparté)
Pour ce qui est du format et de la longueur des textes pour le net, c'est, une fois de plus, de mon point de vue, une question de qualité d'échanges : tenir compte du confort du lecteur en lui proposant moins de 10 000 mots pour exposer ses idées peut se comprendre. C'est même assez attentif de la part de l'auteur du texte en question. Et ça présuppose qu'il est très conscient d'avoir un alter ego (ha ha, latin un jour, latin toujours :-) ) en face de lui, et pas un directeur de thèse payé pour lire des feuillets en six exemplaires in extenso (décidément).
Mais vous avez raison, texte long/texte court, c'est un choix personnel, qu'on l'écrive ou qu'on le lise. Et heureusement que les deux sont possibles !
Sur ce, je rentre dans mes pénates. Car, à bien y réfléchir, je me demande si on parle bien de la même chose. Tout est dépendant de la définition des termes employés au départ. Peut-être qu'il y a autant de définition de ce que doit être un (bon) livre qu'il y a de lecteurs ...?
-
Vous touchez juste. Quelle douche froide !
-
mai 2009 - avec deux mois de retard sur cet acte de non-naissance du blog littéraire français, un petit nouveau apparaît sur la toile:
http://essayistic.free.fr/
on y trouve de la critique littéraire savante mais pas jargonnante, insoumise aux marché des publications, perso mais pas trop, bref, ici (sur tabula rasa) ou là-bas (sur essayistic) le blog littéraire se (com)porte plutôt bien.
de quoi avoir envie de partager cette découverte, et surtout, de continuer à lire des livres, et à en parler.
une lectrice enthousiaste de Tabula Rasa,
35n
-
Je cite : "Pour ma part, j’ai bien peur que le blog littéraire francophone ne soit en fait jamais né."
Je suis entièrement d accord avec vous. Le blog littéraire est mort...dans l’œuf. En réalité les gens s’en foutent royalement. Ils n’aiment pas lire (les nichons, le people, et le graveleux c’est mieux) .J'en ai fait la triste expérience, en essayant d'écrire un roman d’aventure à épisode. (un peu comme Lost, ou Jéricho) Avec en plus des photos et des vidéos. (Gros, gros travail)
Ce fut un véritable fiasco. Au bout de 120 pages de blog (tout de même), et plusieurs mois de travail acharné. J’avais moins de commentaires, qu'un site porno de 4ème catégorie. J'ai donc arrêté l'histoire en route.
Bien sur, je continue (en blog privé). Inutile donc, de perdre mon temps pour les autres.
C'est bien triste tout ça.
Hors sujet (coup de gueule) :
Mais peut-être que mon histoire aurait eu plus de succès si j’avais choisi un thème à la mode digne des meilleures productions Françaises actuelles. Tel-que : C’est l’histoire d’un homme marié, qui se rend compte au bout de deux ans de vie commune, que sa femme est en fait un transsexuel. Et que ce Transsexuel est lui-même amoureux de la sœur de son mari, qui elle-même est lesbienne. Mais un imprévu arrive. Un d’jeuns des banlieues (de préférence Nord Africains), tombe amoureux lui aussi de la sœur, tout ce petit monde décide donc de vivre à trois. Mais le curé Chrétien du village (pédophile évidemment. Nous savons tous qu’il n’y a pas de pédophilie chez les autres religions) ne l’entend pas de cet avis. Quoi de plus normal non ? Je rajoute à tout ça un peu de sexe, une pincée de message antiraciste à dix balles, un soupçon de vaudeville nouvelle génération (le vaudeville pas drôle quoi !), une louche de graveleux, et le tour est joué.
Vous voulez qu’un blog marche, et bien en voici la recette. (Allez voir ce genre de sites, vous verrez)
Affligeant.
Pauvre France.
Dominique des Yvelines (78)
-
LYNCHAGE + PLAGIAT :
Ceci est une tentative de gros scandale public parce que ça calme pas mal les gros connards en attendant de trouver enfin un avocat qui réglera ce problème de non respect de mes droits les plus élémentaires et je le conseille à chacun qui peut avoir des ennuis avec ce gros connard de sarkozy ou sa clique de clowns de flics minables : je suis donc en train de régler un petit problème du genre détail avec cette grosse tache de si peu président de la république Française, en lui envoyant un avocat pour mises sous surveillance illégales, lynchage numérique inspiré de bonnes vieilles méthodes qui ne déplairaient pas au ku klux klan, lynchage qui n'a mobilisé personne sur le web ou dans la presse et plagiat vulgaire et ridicule qui passe à la télé, de mes petits textes web.
Quant a sarkozy, s'il n'aime pas le web, et s'il n'aime pas la rue qui sait, la preuve, très bien se défendre, qu'il la quitte !
-
« Je viens de l’autre coté de la vie.
Shakespeare m’a mise au monde.
Un monde cruel et froid.
Où l’Amour n’a de place que pour inspirer les poètes et quelques hommes, parfois.
Solitaire, j’ai basculé sous mes flots qui jamais ne cessent de glisser le long des rives de l’humain désolé.
Rimbaud, ensuite, m’a entendu pleurer des étoiles…
Aussi les astronomes en robe de long savoir m’ont vue passer près d’Uranus… Ils m’ont couronnée lune : réceptacle de lumière.
J’inspire les plumes.
Les pensées fluides circulent entre les sphères.
Du cosmique au terrestre, je vais m’incarner pour vibrer à ce monde toute une année bien ronde, puis glisser comme une larme :
Reflet du fond des eaux :
Éclat d’un miroir d’âme.
J’ose…Simplement, j’ose découvrir mon regard sur vous : ici : dans chacun de vos jours côtoyés… »
-
Écrivons plutôt que de critiquer ce qu'écrivent les autres. Beaucoup de gens, à force de critiquer les mots des autres, en oublient qu'ils ont un stylo dans leur pot à crayon.
-
Blogueuse "littéraire" amateur, j'ai bien conscience que ma culture lacunaire m'empêche souvent de situer un livre non seulement dans l'oeuvre de l'auteur ( que je découvre souvent "à rebours" par la suite ), mais aussi dans son contexte historique littéraire.
Défaut auquel il m'importe de remédier, mais dans certaines limites toutefois.
Car il me semble qu'une lecture "innocente" , dotée d'acuité et de sensibilité, peut apporter une certaine fraîcheur à l'analyse littéraire et mettre en lumière des éléments que ne verra pas forcément un critique dont l'érudition peut parfois s'avérer aveuglante.
-
tabula rasa est vraiment un blogue littéraire à couper le souffle:)))
ne lâchez surtout pas
Je me permets
de vous faire découvrir
un extrait
de mon laboratoire
de recherche littéraire
MONSIEUR 2.7K
par Pierre Rochette
PAGE 1:)))
Voici l’histoire de Monsieur K… , prisonnier numérique K…ui s’évade d’Internet après avoir
franchi 1000 pages dématérialisées de débrits de bitts… Son rêve, marcher la fraîcheur
existentielle de la beauté du monde sans le boulet de l’information enchaîné à l’un de ses pieds,enfin libéré de 1000 pages de placenta ayant permis l’accouchement d’un vagabond céleste.
MONSIEUR
2.7K
CERVEAU-THÉÂTRE
Déjeuner-causerie
avec
L'AUTEUR-CONTEUR.....
CHER MONSIEUR…
Votre manière d'écrire est si déroutante ''K''…u'on n'arrive pas à la classer. En ce ''K''…ui
me concerne, j'avoue être incapable d'imaginer ''K''…uels lecteurs pourraient lire ce récit d'un
bout à l'autre.
CHER EDITEUR…
N'est pas Francisco de Robles qui veut. Ce ne sera pas la première fois, dans l'histoire de
l'art, ''K''…u'un éditeur se rend immortel grâce à son incompétence littéraire. Je vous rendrai donc immortel, comme le fit Proust pour Gide et même un peu plus. Pardonnez ma générosité…. Mon cerveauthéâtre
de 1000 pages ''K''…ommencera ''donc'' et se terminera ''donc" par votre lettre.
''Il n'est de vraie littérature ''K''…ue produite non par des fonctionnaires bien pensants et zélés, mais par des fous, des ermites, des hérétiques, des rêveurs des rebelles et des sceptiques''…
Zamzatin…vous connaissez cet écrivain monsieur l'éditeur?))))))))
***(paquet de bits)…***
Pierrotla lune)))
directeur artistique des mots
WWW.REVEURSEQUITABLES.COM
PRESSE
MONSIEUR 2.7K
WWW.ENRACONTANTPIERROT.BLOGSPOT.COM
WWW.DEMERS.QC.CA
CHANSONS DE PIERROT
PAROLES ET MUSIQUE
SUR GOOGLE,
SIMON GAUTHIER CONTEUR VIDEO VAGABOND CÉLESTE
MERCI:))))))))))))))
-
Très interessant, ça me rappelle un excellent bouquin que j'ai lu récemment, "Châtelet-Les Halles" d'Alex Gaspard. Un
petit chef-d'oeuvre à mon goût. Il brosse un tableau à la fois romanesque et hyper-réaliste de la société parisienne
d'aujourd'hui. Les scénarios sont très bien ficelés, avec des références historiques et culturelles fidèles. Un peu
philosphique parfois. Chaque histoire est un univers. Une vraie plume. Y'a quelques extraits sur
http://gaspardmetskaia.blogspot.com
Si vous avez d'autres bons bouquins récent à me conseiller, idéalment sur Kindle ou Kobo, je suis preneur ;-) Mathieu