Depuis Madrid

Il n'y a pas de rentrée au sens franchouille du terme en Espagne, mais en me promenant ces deux derniers jours dans les librairies madrilènes, j'ai vu quelques volumes intéressants publiés depuis un mois. Honneur à la vieille garde tout d'abord: Juan Goytisolo, qui se disait fini pour le roman, nous y revient pourtant avec "El exiliado de aquí y de allá" où il ressucite le monstre du sentier, personnage de "Paisajes para después de la Batalla". C'est chez Galaxia Gutenberg, tout comme "Quijote e hijos" de Julián Ríos, collection d'essais sous-titré "traversée de l'océan des histoires" ainsi que "La ninfa inconstante", un roman inédit de l'immense Guillermo Cabrera Infante. Un an après "Exploradores del abismo", Anagrama publie "Dietario voluble", compilation de passages des carnets de note d'Enrique Vila-Matas. Enfin, n'oublions pas que le mois prochain Carlos Fuentes sera de retour avec un nouveau roman.

En ce qui concerne la nouvelle génération, il convient de mentionner "El dorado", second roman de Robert Juan-Cantavella dont j'évoquais il y a peu un précédent travail. Très attendu en Espagne, Isaac Rosa fait parler de lui avec "El país del miedo" roman / essai sur les peurs qui dominent dans une société pourtant plus sécurisée que jamais. A priori intéressant, mais à voir comme les promesses de la présentation de "La mémoire vaine" se sont évanouies dans une bouillie révisionniste, on se méfie. Signalons aussi l'étrange "Odio Barcelona", livre collectif où des auteurs vivant / ayant vécu dans la capitale catalane expriment ce qui leur déplait dans leur ville transformée en vomitorium d'erasmus et de touristes. Au menu, Javier Calvo, Eloy Fernández Porta, Agustin Fernández Mallo, Oscár Gual ou encore Robert Juan-Cantavella. Le nom du livre est un clin d'oeil au I hate heaven des Residents.

Pour terminer, j'ai été étrangement touché par la présence dans toutes les librairies où je suis passé de piles de livres de David Foster Wallace. Ce n'est pas le supposé "hommage" mercantile qui ne fait cet effet mais bien le fait qu'à l'exception de "The broom of the system", tous ses livres de fiction sont disponibles en espagnol, de même que ses deux collections majeures d'essais -- et ça se vend. L'oeuvre de Foster Wallace est connue grâce à l'activisme de cette jeune génération évoquée ci-dessus. On continuera à parler de ces gens qui font bouger les choses comme jamais, produisant ce qui ressemble à un corpus peut-être inégal mais globalement fascinant.

 

1 commentaires:

  1. Voilà de belles nouvelles.
    Un article pour les francophones sur le Goytisolo dans le Courrier International de cette semaine.

    on 1:03 PM


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