The king lives on

2008 semble être l’année du Barthelmismo : une collection de nouvelles parfois inédites, jamais rassemblées en un volume vient de paraître et Counterpoint réédite « The teachings of Don B. » (avec préface de Pynchon) ainsi qu’un recueil d’articles et d’entretiens. Tout ce qui était publiable aurait maintenant été publié et est disponible. Et peut-être que 2009, pour commémorer les vingt ans de son décès, sera tout aussi bien : on croise les doigts pour quelques belles rééditions des essentiels livres de Donald Barthelme. Mais là, en février 2008, j’ai lu « The King » et, si j’arrive à ne pas rire, je vais vous en dire quelques mots.

En 1995, Ian McKellen écrivait un script pour une version ciné de Richard III et replaçait l’action dans les années 1930. C’est un peu la même chose que fait Barthelme ici, en reprenant « Le morte d’Arthur » de Malory et en resituant ses personnages dans l’Angleterre en guerre des années ’40.

« “This is not my favorite among our wars,” Guinevere said. “Too many competing interests. Nothing clear about it. Except that we are on God’s side, of course. The thing I have always admired about Arthur is that he always manages to be on the side of the right. But Jesu, the intrigue! Once upon a time the men went out and bashed each other over the head for a day and a half and that was it. Now we have ambassadors hithering and thithering, secret agreements with still more secret codicils, betrayals, reversals, stabs in the back—“ »

Winston Churchill pense être le boss, mais il est totalement inefficace: le moral en berne, les anglais écoutent, depuis l’Allemagne, le renégat Haw-Haw diffamer Guenièvre, se gausser du Roi Arthur et prétendre la victoire de plus en plus proche, et, depuis l’Italie, le poète Ezra, complètement fou, déverse sa haine du juif.

« “The Bolshevik anti-morale,” said Ezra, “comes out of the Talmud, which is the dirtiest teaching that any race ever codified. The Talmud is the one and only begetter of the Bolshevik system.”
“In a moment he’ll be talking about ‘kikified usurers’” said Arthur. “One expects poets to be mad but—“
“He reminds me,” said Sir Kay, “of some some old country squire, in Surrey somewhere, running on after dinner to his poor bedraggled wife.”
»

Pendant qu’Arthur prépare les défenses du royaume, de plus en plus mal à l’aise devant l’inadéquation de sa cavalerie face aux tanks et aux avions, Genièvre s’en va vers la campagne folâtrer avec des chevaliers héroïques, laissant le pouvoir aux mains de Mordred qui veut renverser Arthur, son père, parce qu’il avait tenté de le tuer quand il était encore petit. Alors que la tragédie fait son entrée, Lancelot va de forêt en forêt, s’amusant en combattant l’un ou l’autre chevalier, à la recherche de princesses.

(Guenièvre) « “The pursuit of the orgasm is in itself, I feel, something that should be left to the lower orders, which are scanty of pleasure other than booze. But, when coupled, no pun intended, with the very highest level of spiritual affinity, as in the present case—“
“You are my kind of queen,” the Brown Knight said, “even though you are thirty-six.” »

Les chevaliers de la Table Ronde trouvent, à travers trois formules magiques, le Saint Graal : une bombe au cobalt. Mais un chevalier peut-il utiliser une telle arme ? Gagneront-ils sans ?

« “In former times bombing had some military purpose or other –taking out a railyard, smashing the enemy’s factories, closing down the docks, that sort of thing. Today, not so. Today, bombing is meant to be a learning experience. For the bombed. Bombing is pedagogy. A citizen with a stick of white phosphorus on his roof begins to think quite seriously about how much longer he wants to continue the war.” »

Une dernière fois avant de refermer pour de bon les pages à histoires, Barthelme mobilise son art de la formule, son humour, sa connaissance de l’histoire littéraire et livre, en 153 pages, un condensé spectaculaire de ce qui fait de Don B. un écrivain aussi apprécié par les postmodernistes que par les réalistes du New Yorker. Si son dernier roman ne nous révèle pas qui sera le vainqueur de cette guerre bien peu chevaleresque, il ne reste aucun doute : le roi, c’est lui. Et le lecteur de mourir de rire.

« “Shouldness is being flouted here,” said Launcelot. “Shouldness is perhaps self-explanatory, but I have never seen it adequately dealt with, either in print or in the lecture hall. When that huntress got me in the bum with an arrow, it was offense to shouldness. It shouldn’t have gone that way. I told the story to Sir Roger, and now he never tires of telling it, tells it to everyone who comes down the pike. That a knight of the Table Round could be pierced in that way by a female has a significance quite apart from the ludicrous. It’s in the realm of those things which should not happen –a categorywhich holds much philosophical interest, as anyone who has ever looked into anomeltics will recognize. The insult to my dignity was not nearly as grave as the insult to shouldness.” »

Donald Barthelme, The King, Harper & Row, épuisé (mais disponible chez Dalkey Archive, $12.95)

 

3 commentaires:

  1. Anonyme said,

    Je regrette de ne pas lire l'anglais pour découvrir Barthelme. Presque tout est épuisé en français.

    on 8:53 PM


  2. Anonyme said,

    Il faudrait que "Tabula Rasa" offre non seulement des articles de fond, mais aussi des chèques-cadeau, pour aider les lecteurs que lesdits articles font désespérer sur leurs phynances...

    on 11:32 AM


  3. Merci pour la référence et découverte. "Snow White" commandé d'urgence, "The King" suivra et plus encore sans doute.

    on 10:09 AM


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