Algunas Librerías

Mes premiers séjours espagnols avaient quelque chose d’assez déprimant : la vente de livres est sous la coupe de deux enseignes – Fnac et Casa del libro – dont les employés ne sont souvent guère plus que des philistins n’ayant aucune connaissance des domaines dont ils se chargent. Pire : il n’est pas rare de trouver des volumes dans un état pitoyable tant le stockage est pris à la légère et la marchandise confondue avec des paquets de lessive. Dans ces conditions, il devient difficile de s’adonner à un des grands plaisirs de la vie : la promenade en librairie. Heureusement, au fil du temps et des voyages, on trouve pas mal de lieux qui valent la peine. Petit portrait indulgent de quelques villes où je suis passé.

Je vais commencer par Cordoue parce que je n’en reviens toujours pas : une ville avec un passé aussi brillant me semble dépourvue de librairies de qualité. Je ne me souviens même pas d’y avoir vu une Casa del libro (c’est pas possible, il doit y en avoir une…), ce qui voudrait dire que le lecteur devra se contenter des rayons livres du Corte Inglés, c'est-à-dire de rien. Séville, la capitale andalouse est mieux servie, bien que l’unique crémerie que j’ai visitée au-delà de la sempiternelle Casa est un lieu assez étrange : ancien théâtre ou cinéma, on trouve l’idée d’y faire commerce de livres assez charmante avant de se rendre compte de deux ou trois aberrations : les livres de fiction en grand format – très nombreux, les livres passant en format de bolsillo sont assez rares en Espagne – et ceux de poche ne sont pas au même étage. De plus, au lieu de classer les volumes dans un bel ordre alphabétique, le tout est regroupé par maison d’édition et collection, selon le numéro de parution. Il faut donc faire ses emplettes à l’aide d’un catalogue pas toujours à jour de chaque éditeur.

Je suis passé à Barcelone il y a peu et, sachant que c’est la capitale littéraire d’Espagne, je m’attendais à de bonnes surprises. Je n’ai pas été déçu, même si un séjour de trois jours ne m’a pas permis d’explorer vraiment. Barcelone est maintenant irrémédiablement liée à La Central, établissements absolument merveilleux. Rentrer dans la maison-mère située dans une maison bourgeoise à un jet de pierre de La Pedrera de Gaudi, c’est pénétrer au paradis. Au-delà des rayonnages fiction en anglais, français, allemand, italien et bien sûr espagnol, il faut, pour le croire, monter voir les rayonnages de critique littéraire. On y trouve tout dans sa langue d’origine et, si ça existe, dans sa traduction espagnole. Le choc a failli me faire tomber sur le cul. (Combien de librairies francophones ont « Homo Poeticus » de Danilo Kis en stock, hein ?). La Central est, parmi les nombreuses librairies dites internationales visitées, la seule à vraiment mériter ce titre. La succursale qui se trouve à proximité de La Rambla n’est pas mal non plus, avec l’avantage pour les amateurs de se trouver dans un ancien édifice religieux spectaculairement rénové. Selon Rodrigo Fresán, c’est la meilleure librairie du monde. On ne serait pas surpris qu’il ait raison.

Il y a aussi une Central à Madrid. Visuellement superbe, elle se trouve dans la monumentale nouvelle entrée du musée Reina Sofia. Logiquement, le stock est très porté beaux-arts et la littérature y occupe une place plus réduite qu’à Barcelone. Pourtant, c’est mon lieu de perdition de prédilection, notamment parce qu’il est possible d’y trouver des livres édités en Argentine ou encore au Chili et normalement introuvables en Europe. Je suis assez déçu par l’offre madrilène au-delà de cette adresse. Je m’en voudrais cependant de ne pas citer El bandido doblemente armado (merci Antonio), chouette petite librairie-bar au stock limité mais choisi, où il est agréable de commander un verre de vin, un thé ou un gin tonic tout en feuilletant un livre. On me souffle également qu’une nouvelle et énorme librairie a ouvert récemment c/ San Bernardo et que celle du Circulo de bellas artes vaut également la peine. Ce sera pour ma prochaine visite, en novembre si tout va bien.

 

1 commentaires:

  1. C'est une superbe promenade. C'est aussi une excellente idée: il faudrait que quelqu'un, un jour mette au point un guide des librairies. Je sais où me servir la prochaine fois que j'irai à Barcelone. C'est d'autant plus utile pour des livrophages comme nous. Je me plaignais de la librairie de Dame Pacholle que G@rp doit connaître mais je me retrouve dans un désert in-quarto où le seul endroit où je peux trouver une de mes drogues se trouve être le marchand de jounaux. Remarque mes clopes sont juste au dessus des polars, comme ça c'est fait.
    Pour revenir à ce que tu disais, je suis complètement d'accord: la promenade en librairie est une des choses les plus agréables. Des plus indispensables aussi, comment trouver une pépite si les seuls bouquins présents sont un vieux Denuzière, quelques livres de cuisine locale & la bio de notre président... mouais. Je sens qu'il y quelque chose qui va me manquer, alors merci de tenir ce blog c'est, comment dire... une bouée de sauvetage.

    on 7:20 PM


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