Complainte de la shortlist

Qui pensait qu’être sur la shortlist du Booker Prize faisait exploser les ventes ? Le Daily Telegraph publiait il y a quelques jours des chiffres de vente assez consternant. A l’exception du rachitique « On chesil beach » de Ian McEwan (99600 exemplaires), un seul livre dépasse les mille exemplaires (1519 pour être précis). Nicola Barker, auteur tout de même d’une certaine réputation, n’a écoulé que 499 copies de « Darkmans », livre qui a pourtant l’air intéressant et qui me regarde, la larme à l’œil, depuis ma pile non lue. J’ai aussi une pensée émue pour Lloyd Jones, écrivain néo-zélandais, parmi les meilleurs d’Océanie, dit-on, ayant publié huit livres dont seul le dernier est disponible ailleurs que chez lui. On imagine que lorsque une maison anglaise a pris la décision de faire paraître « Mr Pip » en Albion, Jones a bondit de joie. De même lorsqu’il a apprit être en piste pour le Booker. Las, 880 copies vendues au Royaume-Uni, la mienne comprise. Je finirai par me dire que la poignée de centaines de livres de Kathy Acker vendu en France est finalement un bon résultat pour l’éditeur…

Quelques mots sur « Mister Pip » : c’est un roman classique, ultra-classique dont le véritable héros est le pouvoir rédempteur de la littérature. Dans une petite île perdue du Pacifique, une rébellion fait la guerre à une armée importée, laissant la population locale bloquée sur place dans la crainte d’attaques et d’exactions. Le seul blanc à être resté – il est marié à une locale- est un personnage étrange et mystérieux pour les enfants de l’île auxquels il décide de donner classe en lisant « Great Expectations ». On ne fera pas le détail des péripéties du roman, disons juste qu’entre l’amour des mots et celui de Dickens, il y a des moments de très grande brutalité venant rappeler que si la littérature peut parfois beaucoup, ce n’est pas en elle qu’on parviendra à survivre à de telles conditions. Il y a quelques beaux moments dans le livre de Lloyd Jones – le prof blanc contant sa vie aux rebelles, mélangeant passages authentiques, extraits de « Great Expectations » et anecdotes du village dans une sorte de salmigondis littéraire assez intelligent, par exemple- mais disons qu’à la fin de la lecture, on a toujours faim.

Lloyd Jones, Mr Pip, John Murray, £12.99

 

2 commentaires:

  1. g@rp said,

    En lisant ces chiffres, ma première réaction a été de me dire : Fausto a oublié des zéros.
    Pas du tout.
    Bon sang ! Moi qui croyais que la France lisait peu...
    Mais que lisent-ils donc, au Royaume Uni ? Parce que, tout de même, ils doivent bien lire, non ?

    on 7:55 PM


  2. Anonyme said,

    Mais enfin, G@rp, ne fais pas l'innocent! Tu sais trés bien que maintenant, au royaume de la vieille reine octogénaire, on ne lit plus Shakespeare, mais le merveilleux et so beautifully written Harry Pott[xxx communication coupée xxx]

    on 8:34 PM


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