Aural Delight - Tha Blue Herb

J’ai découvert Tha Blue Herb – le meilleur groupe de hiphop du Japon et du monde, oui oui- grâce à la collaboration de Ill-Bosstino, le MC, avec DJ Krush. J’avais été instantanément séduit par ce flow absolument impeccable et personnel, extrêmement posé et tranquille et pourtant donnant une impression d’urgence, un sentiment que ce qui se passe et est dit est d’une importance essentielle.

Je m’étais donc jeter sur tout ce que je pouvais trouver, en commençant par le premier album, « Stilling, still dreaming », hiphop de facture classique avec un sens mélodique assez développé, influencé par les mélodies traditionnelles et, déjà, ce flow… Après de multiples collaborations et singles laissant entrevoir une évolution alléchante, Tha Blue Herb largue en 2002 une vraie bombe : « Sell our soul ». En quatre ans, le son a bien changé. Les beats d’O.N.O lorgnent vers les musiques électroniques et l’industriel, les mélodies se font plus complexes, Boss livre sa performance la plus impressionnante jusqu’ici. Le tout, impeccablement produit, donne un album assez sombre, d’une certaine façon profondément japonais mais tout autant universel.

Depuis cette sortie, TBH a donné énormément de concerts, réalisé un fantastique DVD live, une poignée de singles et la BO d’un film de Yakuza. Et puis un break relativement long mis à profit pour développer les activités de Tha Blue Herb Recordings, leur label – il faut écouter Shuren the Fire, ahurissant mélange de jazz et de hip-hop – et surtout pour travailler sur des projets personnels. Boss a sorti un double album avec Herbest Moon, nom sous lequel il donne libre cours à son amour pour le dub et la house. De son côté, O.N.O a produit, notamment, « Six month at outside stairs », un album instrumental sidérant où les beats, chaotiques au premier abord, prennent forme et évoquent aussi bien de riffs jazz qu’une sorte de dub accéléré. Un machin assez unique, entre l’art traditionnel du turntabilism et les sons de pointes sortis d’un laptop.

Et voilà enfin le nouvel album de Tha Blue Herb. Il est sorti en mai dernier au Japon, et s’appelle « Life story ». On dirait la chronique musicale de la vie quotidienne chez eux à Sapporo, Hokkaido, certainement moins frénétique que celle de Tokyo, d’autant plus que la neige emprisonne tout pendant plusieurs mois par an. Moins sombre, peut-être plus mélancolique que « Sell our soul », « Life story » est surtout plus calme, plus relax. Les influences indus et abstract-hiphop laissent la place aux sons venus de la deep house et à des rythmes dansables. D’une grande cohérence sonore, les 14 morceaux donnent à écouter un Tha Blue Herb qui trace son chemin en toute indépendance, sans se soucier de ce qu’en diront les puristes. Et ça donne un travail intègre, original et passionnant. Beau, surtout.

 

0 commentaires:

Clicky Web Analytics