Paris est parfois une fête

Si je me suis allé à Paris, c’est bien sûr pour écouter et voir William H. Gass. D’autres choses m’ont aussi rendu le séjour agréable, que mes précédentes impressions ne vous donnent pas une image trop négative de ce voyage.

Deux heures avant la lecture, j’ai fait connaissance avec Olivier Lamm que l’on connaît généralement plus comme musicien que comme amateur –expert, j’ai envie de dire- de la littérature américaine contemporaine. Notre conversation, que même une bière infâme vendue à un prix exorbitant n’est pas arrivée à gâcher, m’a franchement enchanté, puisque nous avons pu couvrir le domaine musical – avec la désagréable impression de devenir, à 25 et 27 ans respectivement, des vieux cons revenus de tout- et littéraire, échangeant nos impressions sur les livres lus et des noms d’auteurs à découvrir. Je remettrai ça avec grand plaisir à la prochaine occasion.

A notre arrivée à Village Voice, il y avait déjà beaucoup de monde, et si nous trouvâmes deux chaises libres, il ne s’agissait pas des meilleurs de la maison. L’inconvénient somme toute mineur, surtout quand je pense à ceux qui durent rester au rez-de-chaussée, se contentant d’une retransmission vidéo. Le nombre de gens présents me surpris. Parmi eux, il y avait Marc Chénetier et Pierre-Yves Pétillon, ainsi que deux ou trois visages connus de moi, mais sur lesquels je ne saurais mettre de noms.

Lorsque Gass parle, on se rend compte immédiatement que cet homme est habitué à prendre la parole en public. La voix est claire, posée. Il ne semble jamais hésiter. Après avoir lu avec humour quelques passages de « The Tunnel », son œuvre maîtresse dont je devrais préciser qu’elle se chante presque plus qu’elle ne se dit, tant il y a de la musique dans cette prose époustouflante, Gass laissa la place à Claro, son traducteur, pour qu’il lise quelques extraits de la version française de ce livre réputé intraduisible. C’est avec grand plaisir que je peux dire que la musique, peut-être un peu altérée, est toujours bel et bien là. Je suis certain qu’une fois de plus, les félicitations s’imposent.

C’est clairement dans les réponses aux questions de l’assistance que Gass m’impressionna le plus, me laissant l’impression stupéfiante d’écouter l’homme le plus brillant que j’ai eu la chance de voir en chair et en os, de pouvoir approcher. Un seul coup d’œil à son œuvre critique considérable – et malheureusement seulement disponible en anglais- vous convaincra d’avoir affaire à l’un des plus remarquables analystes contemporains des mécanisme de la littérature. Absolument fascinant, indispensable.

Une fois la lecture terminée, je pus m’approcher de Gass et lui faire signer trois livres. J’aurais vraiment aimé pouvoir lui glisser une phrase intelligent et pertinente, mais comme paralysé ou à bout de souffle après un sprint essentiel à ma survie, je ne pus que souffler dans son oreille une ou deux platitudes qui méritaient à peine plus d’un « Thank you ». Je ne sais d’ailleurs pas ce qu'il m’arriva à ce moment là, parce que dans la conversation que j’eu le bonheur d’avoir avec Claro, je n’arrêtai pas de faire des commentaires assez proches d’une complainte type « je suis franchement plutôt nul et mon blog est un petit carnet égocentrique pour jeune homme à la mémoire défaillante. Il ne mérite donc pas qu’on s’y attarde ». Je me frapperais bien pour cette attitude servile, mais dois surtout remercier Claro pour sa gentillesse.

Je ne sais pas si je reviendrai à Paris pour une future lecture, puisqu’il faut bien dire que cette occasion était unique : à 82 ans, il y a peu de chance d’avoir l’opportunité de rencontrer une fois de plus William H. Gass. Ceci dit, je me laisserais bien tenter par un Pynchon se dévoilant en public pour la première fois à la sortie de « Contre le jour ». Allez Claro, un petit effort de persuasion ! Quoiqu’il en soit, merci à tous ceux qui ont permis la concrétisation de cette évènement, longue vie à Gass, longue vie au « Tunnel » !

 

1 commentaires:

  1. claro said,

    Allons, Fausto, du nerf! Ton blog est un perpétuel coup de dés, fort apprécié. La prochaine fois, je me joins à vos dégustations de bières infâmes…

    on 2:31 PM


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