Compulsif

Mille-feuilles nous parle des problèmes du lecteur compulsif. Le sujet m’interpelle, parce qu’il rejoint deux miennes préoccupations. Quand on lit autant, que retire-t-on vraiment de la lecture ? Pourquoi lisons nous tant de romans ? Cette deuxième question m’a été directement posé et j’ai promis d’y réfléchir. La promesse tient, et je ferai état du résultat de cette réflexion ici.

En ce qui concerne le premier point, je parlerais de vertige. Oui, lorsque je me rends compte que depuis le premier janvier 2007 j’ai terminé 17 romans, je ne peux que ressentir un certain vertige. A ce rythme de lecture, que peut-on bien retenir d’un livre, si ce n’est des impressions diffuses et superficielles ? J’espère tout de même que ce blog indique qu’il m’arrive de retirer le sel véritable des bouquins enfilés.

Je pense en fait que beaucoup de gens passent par une phase où ils dévorent de façon vorace chaque page imprimée qui passe à portée – un peu comme Fermin. En ce qui me concerne, je suis en plein dans cette période. Il s’agit à mon sens d’une activité influencée par la prise de conscience qu’on aura jamais le temps de lire tout ce qu’on veut – et donc qu’il faut essayer d’en faire le plus tout de même- et d’un désir de se refaire une culture, une carte intellectuelle en réaction à une connaissance souvent bien scolaire de la chose littéraire. Le moment compulsif est celui de la cartographie et de l’état des lieux. Il peut durer longtemps, mais il aura une fin, suivie du début d’un cycle plus apaisé qui donnera l’occasion de relire plus lentement, plus sagement, les livres précédemment identifiés comme piliers de notre identité, de notre sensibilité.

Oui, le lecteur compulsif débroussaille, trace les grandes lignes, s’engage dans un processus d’essais, de tentatives, de trouvailles, d’auto-découverte, afin de faciliter le travail quand la fatigue arrive, quand le désir de calme, de lenteur, de qualité s’impose définitivement.

 

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