La maîtresse de Wittgenstein

Au début, je laissais parfois des messages sur des blogs.
Ce livre est excellent, disaient certains de ces messages. Ou il est très bien.
Bien sûr, ils ne pouvaient dire ça que si j’étais sur un blog littéraire, si j’étais sur un blog de football, ça aurait été autre chose. Nigel Reo-Coker court comme un poulet décapité, c’est ce qu’ils auraient dit si j’étais sur un blog de fans de West Ham.
Personne n’écoutait. Quoiqu’il faudrait plutôt dire lisait, puisque c’était des messages que j’écrivais, pas que je disais.
Enfin, j’ai commencé à faire mon site, pour écrire ce que je pense sur des livres.
Peut-être comme ça les gens lisent. Et réagissent. Mais c’est difficile à savoir.
Ce que les gens font, parfois, hein !
Je crois que William Gaddis a écrit les « Reconnaissances », et il y avait un critique aigri. Ou bien un romancier sans lecteur. Ou alors, c’était dans « Jr ».
Et William Gaddis avait un ami. Brian Markson. Ou bien David.Je ne sais plus. Mais cet ami était écrivain, ça je le sais.
David Markson, il a écrit un livre. Il faudrait plutôt dire qu’il a écrit beaucoup de livres, parce que c’est vrai. Il n’est quand même plus tout jeune.
Je me souviens de son roman, « Wittgenstein’s mistress ». Mais c’était peut-être un essai philosophique. Ou une histoire de la peinture. Ou encore un récit linguistique. Ce n’est pas très clair.
Mais je me souviens que le narrateur est une femme. Je devrais donc dire narratrice. Kate est son nom.
Et elle se promène avec des balles de tennis. Je ne sais plus où j’ai lu ça.
Peut-être dans une histoire de Kate. Ou dans une vie de Wittgenstein avec Kate.
Toujours est-il que Kate écrit un peu comme ça. Je me rends compte que je dis un peu comme ça, mais vous ne savez pas ce que c’est, un peu comme ça. C’est dur parfois d’arriver à dire ce qu’ont veut essayer de dire.
Pauvre David Markson ! Il a reçu 54 refus pour « Wittgenstein’s mistress ». 54 !
Finalement, c’est un éditeur, monsieur Dalkey, je pense, qui a dit oui. Je crois qu’il y a eu neuf éditions.
Et maintenant, c’est même étudié dans les universités. Peut-être que Nietzsche l’enseigne en refusant de serrer les mains. Ou alors c’est Spinoza parce qu’il a été excommunié.
Pauvre David Markson. Il est en mauvaise santé. C’est triste, mais c’est moins triste que Kate qui vit seule au monde avec plein de références qui s’entrechoquent dans la tête.
C’est marrant la langue. Vous pensez vraiment que les références se rentrent dedans comme des voitures à un carrefour dangereux ?

David Markson, Wittgenstein’s mistress, Dalkey Archive, $12.95

 

3 commentaires:

  1. claro said,

    A propos de Markson, on sort en Lot49 à la rentrée (octobre, je pense", "This is not a novel", trad. claro. Bonne année, donc.

    on 9:32 AM


  2. Bonne année, indeed! This is not a bad nouvelle: le catalogue lot49 se développe toujours en quantité comme en qualité. Encore bravo (et on se verra le 06 février, donc...)

    on 11:52 AM


  3. Olivier Lamm said,

    merveille des merveilles, ce david markson! on en a fait un article dans le chronicart de septembre...

    désolé pour le silence, aussi. je prépare une énorme update. dis moi quand tu passes à paris!

    on 11:55 AM


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