Anvers (et contre tous)

« Anvers » est une œuvre fragmentaire, une succession de 56 tableaux parfois sidérants ou éclatants, toujours particuliers, souvent interloquants, où il n’est jamais confortable de se plonger. Roberto Bolaño avait une vingtaine d’année lorsqu’il écrivit ces quelques feuillets qui commencent comme une tentative de roman policier pour finir en complainte de la difficulté d’écrire. On voit dans ce livre un auteur en plein repli sur soi, un exemple saisissant de littérature de l’échec, un parfait roman imparfait. Bolaño était alors un crève-la-faim en colère laissant entrevoir, dans quelques éclairs fulgurants, le génial écrivain qu’il allait devenir, une fois cette rage maîtrisée.

Il est hors de question de finir ce court billet sur d’autres mots que ceux qui servent à la fois d’épitaphe et de devise à ce livre :

« De ce qui est perdu, de ce qui est irrémédiablement perdu, je ne désire récupérer que la disponibilité quotidienne de mon écriture, des lignes capables de me saisir par les cheveux et de me remettre debout quand mon corps désormais n’en pourra plus (…). De manière humaine et de manière divine. »

Roberto Bolaño, Anvers, Christian Bourgois, 15€

 

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