Against the day (2)

Lire d'abord la première partie, si ce n'est déjà fait.

« Against the Day » boucle la boucle pynchonienne. Là, on en vient au contenu. Ouf, je vous entends déjà souffler. A 69 ans, et vu son rythme de publication, on se dit effectivement qu’on a peut-être affaire au dernier coup d’éclat du Pynch. Il est donc tentant de voir dans ce livre des traces de bilans, de fin de parcours. La première phrase ? « Now single up all lines ! ». La dernière ? « They fly toward grace ». La dernière partie ? « Rue du départ ». Serait-ce donc un dernier tour de piste ? Les adieux d’un grand écrivain qui passera malheureusement bientôt à autre chose ? Chez les amateurs, ça spécule (déjà) ferme. Et puis, le Pynch’ avait abordé le 18eme, la deuxième guerre mondiale, l’âge atomique, les désillusions des baby-boomers. Il ne lui manquait que le 19eme et la première guerre mondiale, époque tournant, matrice des horreurs du 20eme et des obsessions paranoïaques. C’est maintenant chose faite.

« Against the day », le résumé de tout ce qu’il a fait ? On rejoint le paragraphe précédent et on revient à cette première phrase polysémique en diable – vous pouvez être certains qu’elle va faire débat encore longtemps. S’agit-il de larguer les amarres pour de bon, de reprendre un part un tous les thèmes précédents, de s’expliquer, de prendre de la distance ? Allez, allez, rajouter ce que vous y voyez, on n’a pas fini journée. Sinon, on notera que, effectivement, tout ce qu’on aime chez le Pynch est là : le ukulélé, les chansons, les orgies, les pratiques sexuelles étranges, les stupéfiants, les sociétés secrètes, les conspirations… Et puis surtout cette prose magique, ces moments de pure poésie, ces instants où l’on retire les yeux de la page pour se rendre compte qu’on lévite de plaisir, à deux mètres du sol. On se dit alors : « pourvu que ça ne s’arrête pas ». Il y a, dans ces 1085 pages, matériel à quelques énormes orgasmes littéraires, je vous l’assure –et vous savez comme moi que ce genre de plaisir est puissant, donc rare.

Un roman post 9/11, une attaque contre l’Amérique de Bush. Soyons de bon compte : lorsqu’on nous parle d’un « evil halfwit » à Washington, le lien se fait automatiquement. De plus, il est largement question de terrorisme – ici, anarchiste et américain, vu, comme c’est étrange, comme criminel en haut lieu et résistance sur le terrain. Oui, Pynchon nous parle aussi du monde actuel. Mais il l’a fait dans tous ses romans et je le vois mal avoir une opinion positive sur un président quel qu’il soit. Ce me semble être un aspect plutôt mineur de l’œuvre. A explorer, toutefois.

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La troisième et dernière partie de ce papier viendra demain. Désolé de ne poster qu'une partie aussi courte ce soir, mais il ne m'est pas possible de procéder autrement.
En attendant, de nombreux autres posts sur Pynchon sont disponibles dans les archives.

 

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