Mian-Mian, poétesse pop (1)

C’est le stupide titre allemand du documentaire de dimanche sur Arte. La chaîne consacrait une soirée Théma à Shanghai, et le dernier programme diffusé fut un hybride entre le portrait de Mian-Mian et le portrait amoureux de Shanghai par Mian-Mian.

Mais qui c’est, elle ? En 2001, j’étais tombé par hasard sur « Les bonbons chinois », le premier roman de Mian-Mian, jeune écrivaine de 30 ans. À l’époque, ça m’avait assez plu, tout comme le « Shanghai baby » de Weihui. Histoires à la première personne de jeunes perdus, de musique rock, de drogues, de baises malheureuses, on était clairement dans le domaine de la littérature pop. L’acte fondateur de ce genre a été posé en 1985 par Bret Easton Ellis avec « Moins que zéro », et c’est d’ailleurs lui qui a donné à cette « famille » ses lettres de noblesse avec le fantastique « Les lois de l’attraction » en 1987. L’énorme succès d’Ellis ou de Douglas Coupland a évidemment provoqué l’arrivée d’une foule de clones dans tous les pays occidentaux ou occidentalisés. Au Royaume-Uni, ça c’est passé plus ou moins bien, avec le provoc’ Irvine Welsh et l’inoffensif Nick Hornby. Au Japon, bien qu’il ait commencé à écrire bien plus tôt, un auteur comme Ryu Murakami partage certaines caractéristiques avec la culture pop. En France, bien sûr, ce fut plus difficile : Beigbeder a essayé, mais tout ce qu’il a réussi c’est une pâle copie, une version de seconde zone d’un genre qui, dès le départ et à l’exception de deux ou trois auteurs, n’avait déjà pas une espérance de vie très longue. Et je ne parle même pas de Virginie Despentes.

Et donc, voilà que la Chine s’y colle. Bien sûr, on n’a pas beaucoup de traductions, mais on peut tout de même dire que la voix entendue –ou plutôt lue- était originale et se démarquait de la majorité de la production occidentale. Il n’en reste pas moins qu’on a affaire à des livres qui risquent de ne pas plaire au-delà de 25 ans, tant ils sont marqués par l’âge auxquels ils ont été écrits.

Mais voilà qu’il y a une dizaine de mois je tombe sur le premier roman d’une autre jeune chinoise. Tian Yuan, née en 1985, chanteuse d’un groupe de pop. Belote et rebelote. Et bien non ! Mian-Mian a beau être la reine de la littérature pop chinoise, la poétesse, c’est, et de façon évidente, la jeune Yuan. « La forêt zèbre » est un livre certes très naïf, mais vraiment touchant, doté d’une véritable force poétique, surtout dans les images, les métaphores. C’est une assez belle histoire de fin de l’enfance, de passage à l’age adulte. Reste à voir si Tian Yuan saura confirmer le bien que je pense d’elle.

Si je suis un homme d’honneur, je vous donnerai demain un petit résumé de l’émission d’Arte qui m’a fourni l’idée de ce post.

Mian-Mian, Les bonbons chinois, Points poche, 6€60
Weihui, Shanghai baby, Philipe Picquier poche, 7€50
Tian Yuan, La forêt zèbre, Editions de l’Olivier, 20€

 

2 commentaires:

  1. Anonyme said,

    Autant d'auteurs que j'adore dans un même billet, que demander de plus ?!
    Si tu aimes Mian-Mian, je t'annonce une bonne nouvelle alors.
    Le Diable Vauvert la publiera en 2007
    http://buzz.litteraire.free.fr/dotclear/index.php?2006/08/09/250-parole-d-editeur-marion-mazauric-devoile-nouveautes-diable-vauvert-sur-le-site-de-la-fnac
    J'attends désespérément la suite de Wei-hui en revanche... Son "Shangai Baby" fait partie de mes livres culte. Je note Tian Yuan : merci !

    on 6:21 PM


  2. Anonyme said,

    ah tiens je réalise que ce post est en fait très ancien... Il est remonté dans ma liste comme datant de décembre 06... Pourquoi ? Je ne sais pas. Mystère ! Pas grave... :-)

    on 6:25 PM


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